Le 20 octobre, la répression de la manif du Front national pour la défense de la constitution (FNDC) avait fait 5 morts. Toutes ces victimes ne sont pas encore enterrées. C’est pourquoi, le FNDC a reporté sine-die sa manifestation de ce mercredi 26 octobre. En lieu et place, il a décidé de rendre hommage aux victimes par des prières. Toujours est-il que des citoyens ont réagi sur les manifestations de rue et sur ce présent report.

Maïmouna Fofana, vendeuse de condiments au marché près du rond-point Cosa a déclaré : «C’est une bonne chose du fait que la manifestation n’a pas eu lieu aujourd’hui et je ne souhaite même pas qu’elle ait lieu. Parce que nous, nous sommes des pauvres citoyens, nous vivons au jour le jour. Nous revendons ces condiments, pour trouver de quoi manger le soir. S’il y a la manifestation, nous ne pouvons pas venir au marché. Les jours de manifestation sont durs pour nous, car on reste à la maison, sans manger. Nous, nous voulons la paix même s’il n’y a rien, mais qu’il y ait au moins la paix, c’est le plus important.»

Alpha Diallo, cordonnier (rond-point de Cosa), explique comment ces manifestations lui cause de problème : «La manifestation perturbe notre quotidien, car personne ne vient au rond-point. S’il y a la manifestation, on reste à la maison. Pourtant, si tu ne travailles pas, tu n’auras pas de l’argent et si tu n’as pas d’argent, tu ne pourras même pas manger. Comme il n’y aura pas de manifestation aujourd’hui, nous pouvons travailler tranquillement et gagner notre dépense du jour. Ce que je gagne la journée, je le mange la nuit.»

Yéro Baldé, soudeur, est aux anges, par « le simple fait qu’il n’y pas eu de manifestation aujourd’hui ». Cette journée me permet, dit-il, de finir ses travaux. «Si je ne finis pas à temps, le client s’en fout, s’il y a eu manifestation ou pas. Si on est empêché de travailler, comment pourra-t-on va manger, payer le loyer à la fin du mois ? Affaire de manifestation-là, s’ils peuvent trouver une solution pour ça, ça nous fera plaisir, la vie est déjà chère et si tu ne travailles pas à parce qu’il y a une manifestation, ça serait compliqué pour nous pauvres citoyens.»

Kadiatou Camara, élève de la 9e année, indique comment les manifestations perturbent le bon fonctionnement des cours, dans son établissement. «Quand il y a une manifestation, mes parents n’acceptent pas que je sorte. Le plus souvent à l’école aussi, nos encadreurs nous disent de rester à la maison, car notre école est au bord de la route Leprince.»

Cette coutrière de Koloma est heureuse de travailler aujourd’hui, tranquillement. Mariame Barry raconte : «Quand il y a la manifestation, je ne sors pas de chez moi. Donc, si je ne sors pas, je ne peux pas finir les habits de mes clients dans le délai convenu. Comme aujourd’hui, il n’y a pas de manifestation, je travaille tranquillement.»

Fodé Camara est, lui, conducteur de taxi-moto au rond-point de Bambéto. Il affirme que la manifestation paralyse son travail. «S’il y a la manifestation, nous ne pouvons pas travailler, si tu forces la situation, tu risques de te faire cambrioler ou te faire tuer, donc, il faut rester à la maison pour éviter le pire.»

Pourtant, habituellement des citoyens sont favorables à la manifestation appelée par le FNDC.

Djenaba Mara (stagiaire)