Le procès d’El Hadj Amadou Barry, imam à Yimbaya, s’est ouvert ce 25 octobre au tribunal de première instance de Mafanco. Il est accusé d’avoir violé une mineure de 14 ans dans une mosquée de son quartier. Des allégations qu’il a rejetées en bloc à la barre.
L’affaire remonte à fin 2021. Djenè Kaba, 14 ans, en classe de 10e, commence à sécher les cours pour se rendre chez un certain El Hadj Amadou Diallo, imam au quartier Yimbaya. Ses jeunes frères alertent leurs parents, ces derniers cherchent à en savoir davantage. En vain. Mais le père de famille remarque des comportements inhabituels chez sa fille, intime sa femme de l’amener à l’hôpital pour consultations : « Je l’ai emmenée chez mon gynécologue pour voir si elle garde toujours sa virginité, mais dès qu’il l’a vue, il a plutôt effectué un test de grossesse, elle avait déjà trois mois. Je n’en revenais pas. Je lui ai demandé, elle m’a avoué qu’elle fréquentait l’imam Barry depuis mon voyage à Bamako (quelques semaines auparavant, ndlr). J’ai l’ai giflé deux fois parce que pour moi, elle l’accusait. Je pensais qu’il était un bon voisin. Djenè a insisté, m’a donné les numéros de téléphone de l’imam à partir desquels ils communiquaient. Nous sommes allés le voir, il a commencé à nier, à nous réciter des versets coraniques. Mais par la suite, il nous a demandé pourquoi Djenè a attendu trois mois pour l’informer? J’ai décidé de porter plainte», relate la mère de la victime.
L’accusé, lui, a balayé d’un revers de main les accusations articulées contre sa personne. Il jure avoir été piégé par des gens qui ne voulaient plus le sentir à la mosquée : « Il n’y a rien eu avec cette fille, ni à la mosquée ni à ma pharmacie. C’est une affaire montée de toutes pièces par ceux qui ne voulaient plus que je reste imam». Pourtant, imam Barry ne nie pas avoir été en contact avec la victime : « Elle est venue me dire qu’elle aimerait apprendre le Coran avec moi, qu’elle aimait les habillements de ma femme…Elle m’envoyait souvent des plats, surtout pendant le mois de ramadan. Mais c’est quand l’affaire-là a éclaté que j’ai compris qu’on était en train de me piéger ». Faux rétorque la mère de la victime : « Ma fille a expliqué, devant lui, qu’ils se sont vu deux fois dans sa pharmacie, plusieurs fois à la mosquée, il n’a pas nié. Sa famille est allée chez moi demander pardon. Ils m’ont demandé de retirer la plainte pour qu’on résolve l’affaire en bon voisins, c’est quand j’ai refusé que son frère a mobilisé des jeunes du quartier pour nous menacer. Nous avons été obligés de déménager parce qu’on n’était plus en sécurité à Yimbaya».
L’imam n’a pas bougé d’un iota sur ses déclarations. Même si son avocat a insisté sur le caractère consentant de la relation : « Si les choses se sont passées plusieurs fois à la mosquée et à la pharmacie, c’est que la fille était d’accord». « J’ai compris qu’elle voulait de moi, c’est pourquoi j’ai pris ma distance à un moment», ajoute l’accusé. Mais l’avocat de la partie civile a rappelé que la fille était mineure, et qu’il ne peut y avoir de consentement.
Le juge a décidé d’entendre la victime elle-même, à huit-clos. Mais avant, le ministère public, la partie civile et la défense lui ont demandé d’ordonner un test ADN pour avoir le cœur net dans cette affaire.
L’audience a été renvoyée au 3 novembre pour la comparution des témoins. En revanche, elle se réserve sur la demande des parties au procès concernant le test ADN.

Yacine Diallo