Mardi 1er novembre, 6ème comparution de Aboubacar Sidiki Diakité alias Toumba. Les avocats de ses coaccusés poursuivent leurs questions. Ceux-ci veulent, évidemment, coûte que coûte imputer la responsabilité du massacre à Toumba, dédouaner ainsi leurs clients.  Me Pépé Antoine Lama a commencé à demander à l’accusé comment il a été arrêté à Dakar. « C’est moi qui ai donné ma position. Comme je voulais rentrer, j’ai donné ma position au juge d’instruction Diawara à travers mon conseiller », répond Toumba. Non, réplique l’avocat disant que Toumba a été arrêté grâce à une filature de la gendarmerie sénégalaise. L’accusé nie et réaffirme que c’est parce qu’il a donné son numéro de téléphone, qu’il a été localisé.  Maître Pépé Antoine Lama de poser la question de savoir pourquoi il ne reconnaît pas les interviews qu’il a données à la presse. «A l’époque, je n’étais pas habitué à cet exercice, donc on m’a piégé », répond Toumba. Au départ vous ne connaissiez pas des gens qui s’habillaient de la même façon que vous, maintenant vous dites que Marcel s’habille comme vous. « A l’époque, cette manière de porter le béret rouge avait fait l’objet d’interdiction, mais Marcel continuait à porter comme moi. »  L’avocat prend le rapport d’enquête de la gendarmerie de Dakar, pour poser des questions. Est-ce que Toumba reconnaît le contenu du rapport ?  Il reconnaît sa signature. Et l’avocat de lui demander s’il reconnaît le contenu du rapport,  l’accusé exige qu’il lise le contenu du rapport d’abord.

Incident

 Après avoir montré la signature à l’accusé et à force d’insister, Toumba visiblement agacé, a prononcé le mot désagréable à l’avocat. L’avocat a porté cela au tribunal en demandant : monsieur le président, vous cautionnez qu’un accusé traite un avocat de désagréable ? Cette façon de dire n’a pas plu à Ibrahima Sory 2 Tounkara, le président du tribunal qui a aussitôt dit que c’est le tribunal qui a la police de l’audience et la direction des débats. Il a appelé toutes les parties à respecter le tribunal et à respecter les autres. Pendant plusieurs minutes, cette discussion a continué dans la salle. Il a été demandé à l’accusé de présenter des excuses. D’abord, les avocats de Toumba Diakité ont présenté les leurs. Le  président du tribunal a demandé aux avocats, aux professionnels de droit, d’avoir le dos large, de ne pas prendre en compte tout ce que les accusés disent puisque n’étant pas professionnels de droit. Il a demandé également à l’accusé de s’abstenir de tout propos offensant. Finalement, Toumba Diakité a présenté ses excuses à Maître Pépé Antoine Lama. L’incident clos, l’avocat de poursuivre ses questions. Dans le rapport d’enquête, dit-il, il est indiqué que Toumba a un tatouage au bras gauche. «Je n’ai pas été examiné, je n’ai pas donné cette information à Dakar. C’est à l’incorporation de l’armée que j’ai donné cette information », répond l’ancien aide de camp de Moussa Dadis Camara.  Vous avez dit ici que c’est vous qui avez gradé Marcel. « Je vous ai expliqué comment nous sommes venus au pouvoir.  Marcel avait une bourse, il n’est pas parti. J’ai proposé le grade de sous-lieutenant pour le récompenser, le Président Dadis a validé », rétorque l’accusé. Vous avez tenu des propos comme j’ai dit à mon chauffeur de marcher sur Marcel et vous avez menacé de couper son bras, hasarde l’avocat. Toumba répond : «Dans l’armée, c’est le terrain qui commande. Vous n’étiez pas sur le terrain ». Vous avez déclaré que le tribunal doit vous croire. Pourquoi le tribunal doit-il vous croire ? «Parce que ce que je dis devant le tribunal est vrai. J’explique la vraie version des faits. Les membres du tribunal sont expérimentés, ce sont des psychologues. Ils savent qui dit la vérité », soutient Toumba. Vous dites que vous n’êtes pas en bon terme avec le Président, mais vous l’avez accompagné chez Gono Sangaré, à Labé… lui signale Me Pépé Antoine Lama. Toumba d’affirmer : « Vous savez, quand vous n’êtes pas en bon terme avec quelqu’un, vous allez doucement pour l’avoir ».  Vous avez dit quand vous avez arrêté Saa Alphonse Touré, Aïdor et Abdoulaye Kéita,  c’est le Président lui-même qui s’est autodésigné commandant du régiment et Sékouba Konaté son adjoint. Avait-il pris un acte ? « C’est lui le président, sa parole vaut un décret ».  Toumba explique combien de fois le régime de la transition à l’époque était mal organisé, au sein de l’appareil de l’Etat. Les questions se poursuivent…

Ibn Adama