Revenons sur les événements du 28 septembre 1970 dont nous venons de vivre le funeste 52è anniversaire, pour en tirer les conséquences globalement préjudiciables à l’histoire de notre pays.  Ces conséquences passent quasiment « inaperçues » comme si nul ne souhaitait y regarder de près. Elles ont même fini par se revêtir de silence, de complicité, de lâcheté, inexplicables, de plus en plus insoutenables. Allez savoir pourquoi même les historiens se font faire tirer l’oreille.  Infime est la quantité d’ouvrages objectifs qui y sont consacrés !

Malheureusement, il est peu probable que la Guinée s’en sorte sans avoir soldé son passé en général, le 22 novembre 1970 en particulier. Le procès en cours sur les tristes événements du 28 septembre 2009 est en train d’écrire à l’encre indélébile une partie palpitante de la transition de 2008, intervenue à la suite au décès du Général Lansana Conté suivi du coup d’État Dadis-Sékouba. Encre indélébile parce que le procès aura été tout simplement contradictoire. La Guinée indépendante a toujours combattu ses contradicteurs. Combien de procès politiques vraiment contradictoires avons-nous organisés, celui des gangs, piloté par feu Doura Chérif, relevant du droit commun ? Il aurait fallu en inventer à l’occasion des nombreuses transitions depuis le départ « du méchant colon » en octobre 1958. A y regarder de près, seule la première transition, celle qui a marqué la rupture entre la Guinée Française et la République de Guinée, se sera déroulée dans les règles de l’art.

L’Assemblée territoriale a été érigée en assemblée nationale constituante pour marquer la transition.  Sa première loi fut celle de la proclamation de la république ; la deuxième loi installa Sékou Touré par consensus au poste de président de la République ; il était déjà vice-président du conseil du Gouvernement de la loi-cadre. Jusqu’aux prochaines élections dont la date aura été fixée par la nouvelle constitution. La troisième loi dressa la liste des constituants compétents choisis objectivement à travers tout le pays. Commence alors le difficile exercice de la liberté.

 En 2022, nous avons un besoin pressent d’un super Toumba pour expliquer pourquoi la Guinée « fière et jeune » avait attendu jusqu’au 15 janvier 1961 avant d’élire au suffrage universel, le premier président de la République. Sur un total de 1 576 747 votants, seuls 167 voix avaient échappé à Sékou Touré, le candidat unique du futur parti inique. Que s’est-il réellement passé pour qu’en si peu de temps « toutes les têtes soient placées sous le même bonnet ? » Pourquoi la belle unanimité de l’indépendance a-t-elle tourné en « complots permanents » imputables à toutes les catégories socio-professionnelles du pays ? Pourtant, j’avais dit non, toi aussi d’ailleurs, avait répliqué feu le professeur Tamsir Djibril Niane.

 Il est peu probable que le colon soit le seul méchant du système de répression qui s’est abattu sur la Guinée indépendante. Il est quasi certain que la révolution a eu sa part du gâteau. Comme le dit André Gide, « …l’homme doit se révolter contre la révolution, dès que celle-ci, ayant aboli toutes les tyrannies, devient tyrannie à son tour. » Peut-être faut-il recourir au vrai sens du non du 28 septembre 1958 pour expliquer les ratés des diverses transitions qui ont jalonné l’histoire de la Guinée. Auquel cas, on ne peut pas ne pas déplorer les circonstances dans lesquelles Toumba Diakité écrit sa page d’histoire de cette Guinée meurtrie.