À l’image des autres ministres, le ministre de la Défense nationale, Aboubacar Sidiki Camara dit Idi Amin, a présenté ce vendredi 23 décembre la politique sectorielle de son département au CNT, pour adoption. Alors que les débats avec les conseillers se sont faits à huis clos, le Général à la retraite a fait une présentation succincte des préoccupations de son ministère.

Aboubacar Idi Amin souligne que la Défense représente pour un pays ce que la santé représente pour le corps humain. « Sans la défense, il n’y aura pas d’Etat, ni de recettes ». Il rappelle que sa mission consiste à la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière de défense nationale. « À ce titre, le département est chargé de veiller à la garantie de la défense et à l’intégrité du territoire national contre toute forme d’agression, défendre et sauvegarder les institutions de la République, veiller à la protection des personnes et de leurs biens, veiller à la défense des intérêts vitaux de la nation guinéenne et à la sauvegarde de la défense des espaces aériens et maritimes du territoire national, à la bonne gestion du patrimoine » du département, et de son armée.

Des réformes engagées

Le ministre de la Dépense explique que pour l’accomplissement de cette mission, la poursuite de la RSS (Réforme du secteur de sécurité) et particulièrement celui de la défense, est primordiale. Elle passe par la mise en œuvre de la Loi de programmation militaire 2021-2026. « Cela devrait permettre la montée en puissance des forces armées guinéennes pour en faire une armée professionnelle, bien formée, bien équipée, capable de faire face aux défis sécuritaires que nous vivons à tout moment ». Cela a un coût. Pour 2023, son « projet de budget financier, légèrement diminué, se chiffre à quatre mille trois cent cinquante-six milliards, cinquante-sept millions, neuf cent quatre-vingt-sept mille cent quarante-cinq francs guinéens (4 356 057 987 145 000 GNF), dont plus de deux mille milliards serviront comme dépenses pour le personnel, 260 milliards pour les biens et services, 298 milliards pour les dépenses de transfert et 846 milliards pour les dépenses d’investissement ».

Dans cette politique sectorielle où les dépenses du personnel ont connu une augmentation de 10%, le ministre se justifie par le fait que chaque année selon le statut, les militaires méritants par ancienneté et par le diplôme, passent au grade supérieur. À cela, s’ajoutent les charges liées au recrutement en cours. Il rapporte qu’à date, sur 1 780 candidatures, plus de 500 ont été retenues après vérification des diplômes, une majorité n’était dans les normes. Il saisit l’occasion pour attirer l’attention sur la jeunesse qui, selon lui, est très atteinte par la consommation des drogues. « Les résultats des visites médicales sont catastrophiques », dit-il.

Difficultés et perspectives

Le ministre a fait remarquer que l’exécution de son budget 2022 a connu des difficultés au regard des missions stratégiques de son département: la faible dotation des lignes budgétaires, ainsi que les difficultés d’engagement liées au plafonnement du budget par trimestre. « J’attire votre attention sur le fait que la Loi de programmation militaire 2021-2026 promulguée en décembre 2020, n’a débuté qu’en 2022. Cette Loi permet de faire face au processus de la réforme du secteur de sécurité et de la Défense et d’atteindre les objectifs qui lui sont assignés. En dépit des efforts fournis par le département de la Défense, force est de reconnaître que certains de nos besoins en matériels et équipements demeurent non satisfaits. Au regard de ces défis énormes que nous nous devons de relever, notre budget devrait beaucoup augmenter », a-t-il déclaré.

À ses détracteurs qui estiment que le ministère de la Défense nationale est un département budgétivore, le Général à la retraite Idi Amin répond : «Nous affirmons que les actions des forces de défense et de sécurité sont salvatrices. L’Etat n’est rien sans la défense. La Défense dépense, mais sans elle, on ne parlera pas d’Etat. Sans sécurité, il n’y a pas de paix et sans paix, il n’y a pas de développement ». A titre de rappel, il explique que c’est à son département que revient la charge de la sécurisation des recettes douanières aux frontières, la protection des installations stratégiques et industrielles, la sécurisation des zones minières qui rapportent de l’argent à l’Etat, la lutte contre la piraterie maritime, l’exploitation anarchique de nos ressources halieutiques, la préservation de la stabilité, garants du développement du bled. « Pour toutes ces raisons, je sollicite humblement votre soutien pour nous permettre de disposer des ressources indispensables à l’accomplissement de notre mission ». Le Cnt l’entendra-t-il de cette oreille ? On croise les doigts.

Abdoulaye Pellel Bah