Mardi 20 décembre, 31ème jour du procès du massacre du 28 septembre 2009. Quatrième comparution de l’ancien président de la junte Moussa Dadis Camara, face aux questions des avocats de la partie civile.

Après les questions de Maître Alpha Amadou Ds Bah qui ont enflammé l’accusé, son confrère Maître Alsény Aissata a pris le relai. Il rappelle qu’à la veille de la prise du pouvoir par le CNDD, Conseil national pour la démocratie et le développement,  le capitaine Dadis aurait organisé des pillages dans le domicile de plusieurs officiers de l’armée, qui pouvaient être un obstacle à son accession au pouvoir. Ce que l’accusé rejette d’un revers de la main. Moussa Dadis considère d’ailleurs que ce sont des allégations. «Je n’ai jamais pillé. Je ne suis pas un homme ingrat… » Maitre Alseny Aissata évoque l’accord de Ouagadougou (15 janvier 2009),  que le capitaine a dénoncé, qu’il considère d’ailleurs comme un accord de façade. Moussa Dadis persiste et ajoute que comme Sékouba Konaté et Alpha Condé sont arrivés à leur but de l’écarter du pouvoir, il a été question de choisir Sékouba Konaté comme Président par intérim et que lui reste comme Président. « Je savais que c’était fini. Pour preuve, Sékouba Konaté qui était à la solde du professeur Alpha Condé ne m’a plus consulté… »

 A Labé, vous aviez dit que vous étiez allé pour défier vos détracteurs. Qui étaient vos détracteurs ? L’ancien président du CNDD n’a pas voulu répondre à cette question, arguant qu’il respecte les populations de Labé qui lui avaient réservé un accueil chaleureux. L’avocat d’enchaîner : « Vous avez dit ici à la barre, que c’est  le professeur Alpha Condé qui avait fixé la date du 28 septembre. » «Je le confirme », s’exclame Dadis, et dit qu’il disposait d’une clé USB qui contiendrait les preuves de ce qu’il dit. « Le capitaine Dadis ne parle pas pour rien, j’ai des preuves avec moi ».

Vous dites que c’est le professeur Alpha Condé qui gérait l’Ulimo, questionne l’avocat. L’accusé répond : « Avant de parler du professeur Alpha Condé, il faut parler de Sékouba Konaté qui était à Macenta, il n’a jamais fait de guerre au Liberia et en Sierra Leone. C’est lui qui gérait les gens de l’Ulimo de Macenta ».

Et Maître Alsény Aissata d’aborder le pacte entre lui Dadis, Toumba et autres, qui avait été évoqué à la barre. Sans détours, le capitaine Dadis répond qu’il n’y a jamais eu de pacte entre lui et quelqu’un. D’ailleurs, il demande au parquet de faire venir l’élément dont Toumba a parlé pour clore le débat à propos.

Comment avez-vous connu le commandant Toumba ? lui questionne l’avocat. L’ancien président du CNDD confirme la déclaration de Claude Pivi selon laquelle c’est lui qui a présenté Toumba au capitaine Dadis, quand celui-ci avait besoin d’aide pour l’achat de médicaments pour sa maman.

Maître Alsény Aïssata rappelle l’explication selon laquelle Toumba était venu au camp, pour l’aider à avoir le pouvoir. Le capitaine Dadis parle « d’allégations, pour détourner l’attention du tribunal et se faire plaire devant le public ». L’avocat pose la question de savoir pourquoi il n’avait pas limogé Sékouba Konaté, quand il s’était senti trahi ? L’ancien président de la transition prend la question au rebond et jure sur tous les saints que Sékouba Konaté était allé dans son bureau, lui dire de nommer un colonel qui est son parent, au ministère de la Défense et que lui Sékouba, il vient comme conseiller auprès de lui  à la Présidence. « C’est maintenant que j’ai compris que si je l’avais nommé comme conseiller et nommé mon parent comme ministre de la défense, aujourd’hui ils allaient mettre tous ces problèmes sur nous », raconte Dadis Camara. Pourquoi a-t-il changé, alors qu’il avait promis de rendre le pouvoir ? Une question qui est la bienvenue chez le capitaine qui a d’ailleurs exalté, avant de dire qu’il a été trahi par son homme de confiance. « C’est lui (Sékouba) qui organisait les meetings à Boulbinet, à  Sandervalia pour me discréditer devant les leaders politiques. Il était de mèche avec le professeur Alpha Condé qui avait une expérience méchante, je le réitère.  D’ailleurs,  Sékouba Konaté a organisé un meeting à Fria avec Tiegboro pour soi-disant préparer de campagne pour Dadis. C’était pour mettre le doute chez les leaders qui ne savaient pas que Sékouba Konaté travaillait pour le professeur Alpha Condé. » Maître Alsény Aissata déterre la fameuse liste des personnes qui  œuvraient pour qu’il Dadis reste au pouvoir avec le slogan « Dadis doit rester ». Parmi ceux qui ont été cités : Moussa Kéita,  Tibou Kamara, Laye Junior Condé,  Kabinet Komara, c’est à seulement Moussa Kéita que Moussa Dadis s’en est pris. «C’est le  discours de Moussa Kéita qui a soulevé la population contre moi. ‘’ Dadis ou la mort’’ qu’il a prononcé à N’Zerekoré ». Sur la question de la participation de son « neveu » Marcel Guilavogui aux massacres, Dadis refuse de le dénoncer. Il a toujours dit qu’il n’a pas été informé que Marcel a été au stade.  Il rejette tout sur Toumba Diakité qu’il dit avoir été informé que celui-ci a été au stade.

Le procès s’est poursuivi avec les questions des avocats de la partie civile.

Ibn Adama