En juillet 2022, le Ffront national pour la défense de la Constitution (FNDC) a entamé une série de manifestations de rue, pour protester contre la « gestion solitaire » de la transition par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD). Treize Guinéens ont été tués par balle dans plusieurs quartiers de l’Axe Hamdallaye-Kagbélen pendant ces protestations. Les enquêtes ouvertes au lendemain de ces meurtres ne sont pas encore refermées. Cette donne n’est pas prête de changer. Interrogé sur l’évolution de ces enquêtes, un substitut du procureur près le tribunal de première instance de Dixinn est resté évasif.

Le procès du présumé meurtrier de Thierno Mamadou Diallo à Hamdallaye le 1er juin 2022, s’est ouvert le 30 janvier, au TPI de Dixinn. L’adjudant-chef Moriba Camara, policer, en service à la BAC n°1, inculpé pour « meurtre », plaide non coupable. Malgré tout, le parquet de Dixinn est tout joyeux d’avoir traduit par devant les tribunaux et à l’opinion, un mis en cause dans un meurtre par balle lors d’une manifestation. Moriba Camara avait été placé sous mandat de dépôt moins de deux semaines après la mort du jeune. Un « exploit », si on se réfère aux précédents assassinats par balles lors des manifestations politiques sous Alpha Condé et qui n’avaient point connu un début d’enquête.  

Seul bémol, il y a eu pas moins de 12 morts entre le 29 juillet et fin octobre 2022. Douze personnes tuées par balles, et jusque-là, aucune personne indexée, aucune interpellation. Les familles des victimes, pour la plupart, n’ont même pas reçu les rapports d’autopsie. Elles ont simplement été informées que les autopsies confirmaient la « mort violente » des leurs. C’est tout. Et le substitut du procureur près le tribunal de première instance de Dixinn, Mamadou Hady Diallo, n’a pas dissipé les doutes sur un manque de volonté de faire la lumière sur ces affaires. En marge de l’ouverture de l’adjudant-chef Moriba Camara, le 30 janvier, Mamadou Hady Diallo s’est contenté de dire que les enquêtes sont ouvertes, comme d’habitude : «Nous ouvrons des enquêtes quand des infractions à la loi pénale sont commises. Nous saisissons les officiers de police judiciaire à l’effet d’ouvrir les enquêtes. Le temps de la justice n’est pas celui des justiciables. Les enquêtes sont en cours, d’autres dossiers sont en instruction. Le cas de Thierno Mamadou est le premier, les autres vont suivre». Il a préféré s’abriter derrière le fait qu’il ne lui serait pas permis de communiquer sur des dossiers en instruction : «L’information judiciaire est secrète, nous ne pouvons en parler parce qu’un juge est saisi du dossier».

Sauf que du mois de juin à nos jours, ces fameuses enquêtes n’ont abouti à l’incrimination ni d’un policer ni d’un gendarme, encore moins d’un militaire.

Yacine Diallo