Au procès du massacre du 28 septembre 2009 devant le tribunal de Dixinn, il n’y a pas que la défense qui est divisée. La partie civile également est en proie « aux caprices » de Me Hamidou Barry qui continue de rechasser le passé, quitte à souiller la mémoire des morts.

Rongé par la haine et l’esprit de vengeance, Me Hamidou Barry passe pour l’avocat, non pas de la partie civile, mais du diable. A force de vouloir voir le général Sékouba Konaté à la barre du tribunal de Dixinn, il finirait par décharger le capitaine Moussa Dadis Camara. Ce dernier trouve en cet avocat un fervent soutien de la thèse du complot ourdi par l’ancien ministre de la Défense nationale de l’ère CNDD, au profit d’Alpha Condé. Jusqu’ici tout va bien.

L’incompréhensible, c’est lorsque Me Hamidou Barry transforme ce procès censé être l’occasion d’en découdre avec la culture de l’impunité en une messe de règlement de compte. Au lieu de se battre contre ses adversaires, il s’en prend à…un mort ! A l’audience du lundi 23 janvier, il a rappelé que les vrais acteurs de la constitution de partie civile de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen aux côtés des victimes du massacre sont le doyen Me Bassirou Barry et feu Thierno Madjou Sow, l’ancien président de l’OGDH. Même que ceux-ci avaient tenu à ce que Sékouba Konaté soit inculpé.

Ainsi, il présente les héritiers de Thierno Madjou Sow comme étant les traîtres qui ont changé cette donne. A leur tête, Abdoul Gadiri Diallo, le défunt successeur de Thierno Madjou Sow à la présidence de l’OGDH, décédé le 27 octobre 2020. Et pourtant, l’avocat lui-même avait déposé plainte le 26 septembre 2017 contre Sékouba Konaté devant le tribunal de Dixinn, sans succès. En quoi le refus de la justice, qui avait argué ignorer la filiation de l’ancien président par intérim de la transition, serait-il imputable à l’OGDH ?

Me Hamidou Barry rumine une colère de plus de cinq ans que même la mort n’a pas réussi à effacer. S’adressant ce lundi à l’ancien président de la transition qui comparaît dans l’affaire du massacre du 28 septembre 2009, l’avocat l’a une nouvelle fois démontré dans ses questions : « Mon capitaine, savez-vous que l’ancien président de l’OGDH m’avait demandé de retirer la plainte contre Sékouba Konaté et que j’ai refusé ? », interroge l’avocat dans une salle interloquée. Si effectivement la plainte de l’avocat avait, à l’époque, dérangé, outre l’OGDH, la FIDH (Fédération internationale de la ligue des droits de l’homme), deux raisons l’expliquent : Me Hamidou Barry avait agi sans concertation alors qu’il est membre de la première organisation, et est constitué par la seconde qui lui versait 600 euros par mois pour ses prestations. Mais également, l’OGDH et la FIDH tenaient à la clôture de l’instruction judiciaire (avec ou sans l’inculpation de Sékouba Konaté) promise par le Garde des Sceaux d’alors Me Cheick Sako au plus tard le 31 octobre 2017. Les deux organisations, convaincues de l’absence de volonté politique au sommet de l’Etat, craignaient ainsi que l’ouverture d’un autre front contre l’ancien ministre de la Défense nationale retarde davantage la tenue du procès. La suite réservée à la plainte, restée lettre-morte, leur donnera raison : Me Hamidou Barry se battait contre des moulins à vent. Mais il ne voulait en faire qu’à sa tête.

Tirer les leçons au lieu de tirer à boulets rouges sur un mort

Malheureusement, après avoir combattu Abdoul Gadiri Diallo de son vivant, il continue de se battre contre sa mémoire. Mais il continue de se faire terrasser par son fantôme. Après avoir échoué à diriger l’OGDH en 2015, Me Hamidou Barry avait perdu également la course à la succession de Gadiri lors du congrès extraordinaire du 16 janvier 2021. A l’occasion, il avait obtenu sept voix seulement contre vingt-cinq pour son adversaire Souleymane Bah, l’actuel président. Faute de gagner la présidence et la vice-présidence échue à Me Alpha Amadou DS Bah, il avait dû se contenter du poste de Chargé de la Protection et des affaires juridiques, qu’il occupait depuis le précédent congrès de 2015 consécutif au décès de Thierno Madjou Sow. Et si Me Hamidou Barry faisait une pause pour tirer les leçons de ses échecs plutôt que de tirer à boulets rouges sur la mémoire de l’ancien président de l’OGDH ? Il doit être l’un des rares Guinéens à n’avoir pas de respect pour un mort.

Diawo Labboyah Barry