C’est le bras de fer entre le ministre de la Justice, Alphonse Charles Wright, d’une part et de l’autre le patron d’Espace TV, Lamine Guirassy et le chroniqueur Mohamed Mara. Accusés de « diffamation et injures » par le garde des Sceaux, les deux journalistes sont convoqués à la Direction centrale de la police judiciaire DPJ, lundi 20 février. Selon Guinée114, les confrères décident d’attaquer le procureur général devant le Conseil supérieur de la magistrature.

La semaine passée, un compromis aurait été trouvé par le président de l’Union des radios et télévision libre de Guinée (URTELGUI) . Aboubacar Camara, a convaincu Charles Wright d’abandonner le volet pénal et de laisser la Haute autorité de la communication (HAC) se charger de l’affaire. Ce que dément le groupe Hadafo média. Le ministre suspend la voie pénale, et ne lâche pas l’affaire.

Injonctions et convocations

Le 9 février, Charles Wright avait signé une injonction aux fins de poursuites judiciaires contre Mohamed Mara. Le même jour, le parquet général près la Cour d’appel de Conakry a instruit le Tribunal de première instance de Mafanco d’intenter des poursuites judiciaires contre Mohamed Mara et son patron Lamine Guirassy. Le 15 février, le collège de la HAC a convoqué Mohamed Mara et les autres chroniqueurs de l’émission « Les Grandes Gueules » à une rencontre d’échange le vendredi 17 février à son siège. Le même jour, la Direction de la police judiciaire a convoqué Lamine Guirassy et Mohamed Mara pour le lundi 20 février.

La réplique du syndicat de la presse

Le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) accuse Charles Wright de « s’enfoncer dans l’illégalité pour faire taire les journalistes indépendants du pays en essayant de mettre à contribution tout l’appareil judiciaire ». Le Syndicat déclare qu’un journaliste n’a pas à répondre à la DPJ, appelle « à une réplique appropriée pour sauver l’honneur de la corporation », annonce des actions de protestation.

Le SPPG a adressé un courrier à la mairie de Kaloum, pour l’informer de sa marche pacifique pour le jeudi 23 février. Pour « protester pacifiquement de 9h30 à 13h30, contre les multiples actes liberticides du ministre de la Justice et des droits de l’homme qui continue de compromettre la bonne marche de la liberté de la presse dans notre pays ». La marche partirait de la Place des martyrs au ministère de la Justice et des droits de l’homme en passant par le Port autonome de Conakry. 

En août 2022, le gouvernement a interdit toute manifestation dans le pays.

Le SPPG a relevé des manquements graves à la procédure depuis le début de cette affaire. Il demande à Lamine Guirassy et Mohamed Mara, de « ne jamais répondre aux convocations de la DPJ issues des injonctions illégales du garde des sceaux ». sauf à cautionner la démarche « liberticide de Charles Wrigth, qui va créer un précédent dangereux qui continuera à compromettre la liberté de la presse en Guinée ».

Abdoulaye Pellel Bah