Chat échaudé craint l’eau froide, dit l’adage. Après la mort en prison d’un ancien ministre, toute rumeur de la maladie d’un autre prisonnier fout la trouille aux nouvelles autorités guinéennes. Après les informations selon lesquelles l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana est souffrant, le ministre de la Justice et des droits de l’Homme a accouru à son chevet.

Malheureusement pour le principal concerné, l’opinion publique ne semble pas s’émouvoir outre mesure. Le bagnard, rattrapé par son passé ? L’Américano-guinéen, ancien ministre des Finances, candidat à la présidentielle, ancien Premier ministre, a été conduit dans une clinique de Conakry ! Que la vie est tout sauf prévisible.

Globalement, les commentaires de l’homme de la rue, c’est que Kassory ne s’attendait pas à ce qui lui arrive : être un jour conduit dans une clinique de Conakry, voir un jour son dossier médical devenir secret de Polichinelle. On assiste en quelque sorte à une revanche populaire contre un homme qui a été jusqu’à une période récente un ministre du ciel et de la terre.

Ironie du sort, l’homme qui défraie la chronique a, à plusieurs reprises, bénéficié d’une décision de liberté proposer. Mais comme par acharnement, l’empereur des poursuites a opposé une fin de non-recevoir à celui qui avait clamé préférer l’ordre à la loi en prison. C’est surtout cette posture au moment où il était au sommet de son pouvoir et de sa gloire qui suscite l’indifférence de ses concitoyens pour son maintien en détention.

Face à la situation peu enviable de Ibrahima Kassory Fofana, bien des Guinéens fuient le rationnel pour se réfugier dans l’irrationnel. Une sanction divine s’abattrait sur l’ancien Premier ministre. Il expierait surtout les crimes perpétrés sous le règne du tandem Condé-Fofana. C’est la première fois que cet homme se soigne dans les structures locales.

Quoi qu’il en soit, cette descente aux enfers d’un qui a marqué la vie politique de la Guinée ces dernières années, est la preuve, s’il en est besoin, que l’homme doit faire preuve de modestie. Kassory Fofana a été le dernier des Premiers ministres d’Alpha Condé. Les deux autres ne sont pas inquiétés. Ils ont compris qu’il y a un avant et un après la Primature.

L’ex-Premier ministre Fofana, en l’occurrence Mohamed Saïd, ses compatriotes l’appelaient ironiquement ou affectueusement, c’est selon, l’Imam. Ses responsabilités ne l’auront pas coupé de son environnement habituel. L’ancien PM, Mohamed Youla, lui, a rempli sa mission en se gardant de la politique politicienne. Jamais mêlé aux atrocités et autres crimes du régime.

Modestes, les deux premiers Premiers ministres d’Alpha Condé ont prouvé qu’on peut être dans un système sans être associé à ses pratiques. Ce qui arrive à leur successeur aujourd’hui doit sûrement les conforter dans leurs convictions que rien ne vaut la modestie et l’honnêteté. Beaucoup de Guinéens estiment que Kassory doit ses déboires à son statut de président intérimaire du RPG arc-en-ciel. Cela reste à prouver.

Les ennuis de l’ancien Premier ministre ont peu ou prou à voir avec sa gestion des affaires du pays. Et de ce point de vue-là, il pourrait difficilement se tirer d’affaires. Vivement donc un procès équitable, l’homme doit rendre compte de sa gestion. Ou de sa cogestion avec Alpha Condé. Ce dernier passe une retraite dorée en Turquie, ses lieutenants, les pots cassés.

Habib Yembering Diallo