Alors qu’on tend vers la faim de la phase interrogatoire des accusés dans le procès du massacre du 28 septembre 2009 au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à Kaloum, les témoignages, les appels à témoigner se multiplient via la presse. Mais pour l’heure, le tribunal n’a délivré aucune ordonnance à témoigner. 

Le 31 janvier, de l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie, Ibrahima Diallo, le chargé des opérations du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), a raconté son vécu lors du massacre au stade de Cona-crimes en 2009. «Pour aider à la manifestation de la vérité sur le massacre du 28 septembre 2009 et à éclairer le tribunal, le témoignage de la Croix-Rouge guinéenne est fondamental, sinon indispensable au procès», estime l’activiste au gnouf depuis le 1er août 2022.

Ibrahima Diallo indique qu’au cours des événements du 28 septembre au stade, les agents de la Croix-Rouge qu’il a « identifiés par leur tenue et véhicule, étaient à l’entrée du stade et à l’intérieur, pour secourir les blessés. Ils sont en mesure de faire le récit détaillé et précis de l’événement, d’indiquer les corps au sein des forces de défense et de sécurité qui étaient présents et aussi de donner le moment du début des tirs et ceux qui en sont à l’origine.» Sauf que les aspirations de cet activiste de la société civile se heurte au principe de la Croix-Rouge guinéenne, depuis sa création en janvier 1984.

Confidence sur les vulnérabilités

Youssouf Traoré, le prési de la Croix-Rouge guinéenne (CRG), s’est fendu d’une déclaration, le 31 janvier. Il y a rappelé les valeurs qu’incarne l’institution humanitaire, affiliée au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), admise à la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. « Une fois identifié Croix-Rouge, le volontaire ou la personne agissant au compte de l’institution, en temps normal et surtout lors des tensions ou des violences, ne fait aucune déclaration relative aux faits vécus, ne fait jamais aucun témoignage ou dénonciation. Il ne participe à aucun débat relatif aux événements qui font des victimes et causent des vulnérabilités qu’il aurait vus ou entendus lors de son déploiement ou pendant ses activités ordinaires habituelles », précise le dirlo de la CRG.

Toutefois, Youssouf Traoré précise que le volontaire ou la personne agissant au compte de l’institution peut «simplement informer sa hiérarchie en toute confidentialité, sur les vulnérabilités et besoins urgents engendrés, notamment lorsqu’il pense qu’une intervention humanitaire de la Croix-Rouge y est nécessaire, voire indispensable.»

En collaboration institutionnelle avec les services publics et les partenaires, la mission de la Croix-Rouge guinéenne reste de «sauver des vies, protéger la santé et la dignité, atténuer les souffrances humaines et promouvoir le bien-être durable des communautés». Le tout, «dans le respect» des principes fondamentaux : humanité, impartialité, neutralité, indépendance, volontariat, unité et universalité.

Yaya Doumbouya