Ils croupissent en prison depuis août 2022 pour avoir dénoncé la conduite de la transition. Oumar Sylla alias Foniké Menguè, Ibrahima Diallo attendent toujours leur procès. Il se susurre que les autorités de la transition usent des manouvres dénuées de tout fondement juridique, pour maintenir ces responsables du FNDC en prison.

A quand le procès de Foniké Menguè, d’Ibrahima Diallo et de Saïkou Yaya Barry ? Bien malin celui qui répondra y répondre. Les activistes du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) sont en détention depuis qu’ils ont organisé la manif du 28 juillet 2022, pour dénoncer la gestion solitaire de la transition par le CNRD. Depuis, eux et leurs avocats se battent comme un beau diable pour obtenir l’ouverture de leur procès. Le collectif des avocats du FNDC a tapé à toutes les portes, les détenus ont observé une crève de la faim. En vain. Ils croupissent toujours à l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie.

Avant leur mandat de dépôt, les trois membres du FDNC avaient été inculpés par le parquet de TPI d Dixinn pour «pillage, incendie, destruction de biens, attroupement délictueux, troubles à l’ordre public». Des chefs d’inculpations attaqués immédiatement devant la Cour d’appel de Cona-crime. En novembre dernier, un juge d’instruction prend une ordonnance de non-lieu partiel, renvoie les concernés devant le tribunal correctionnel de Dixinn pour jugement. Il écarte clairement les chefs d’inculpation qui pouvaient les conduire devant le tribunal criminel et ne retient que «l’attroupement illégal sur la voie publique, la complicité de destruction d’édifices privés et publics et la complicité de coups et blessures volontaires». Des charges qui laissaient croire qu’un procès allait rapidement se tenir. Mais le parquet général fait appel de la décision. A partir de là, c’est un jeu de ping-pong qui s’installe dans la procédure. L’avocat général qui gère le dossier pour le parquet demande, à la surprise générale, de confirmer la décision du juge d’instruction : «Il ressort de mon analyse que le doyen des juges d’instruction, en rendant une ordonnance de non-lieu partiel, a fait une bonne appréciation de la loi. Nous requérons qu’il plaise à la présidente de la deuxième Chambre de contrôle de l’instruction de confirmer cette ordonnance». Cette Chambre suit les réquisitions de l’avocat général. Contre toute attente, le procureur général désavoue son avocat général et se pourvoit en cassation contre l’ordonnance. Sauf que la lettre de pourvoi n’est jamais parvenue au greffe de la Basse-cour suprême. Elle aurait été oubliée au greffe de la Cour d’appel. En clair, cette Cour n’est formellement pas saisie. Il a fallu que son greffe sorte du bois pour que le parquet général reconnaisse sa bourde : «Nous vous informons qu’il y a défaut de pourvoi».

Ces tâtonnements ont coûté à Foniké Menguè et compagnie près de cinq mois de détention supplémentaire, alors qu’ils auraient pu être jugés depuis novembre dernier. Ajouter à cela qu’ils seraient désormais détenus au-delà des délais prescrits par la loi. Pendant ce temps, leurs avocats, convaincus du pourvoi du parquet général, ne cessaient de dénoncer la lenteur de la Basse-cour suprême. Au parquet général actuellement, c’est silence radio. Il compte sûrement sur la Basse-cour suprême pour lui enlever une épine sur les pieds, afin de pouvoir ouvrir le procès.        

Foniké Menguè et Ibrahima Diallo continuent de croupir au gnouf. Saïkou Yaya Barry, libéré pour aller se soigner à l’étranger, vit désormais en exil.

Rappelons par ailleurs que Mamadou Bilo Bah, le chargé des antennes du FNDC et de la mobilisation, croupi aussi au gnouf depuis plusieurs mois.

Yacine Diallo