Revenons sur les funérailles de l’ex Première Dame de la République, feue Hadja Djéné Kaba Condé, non pas pour réveiller les morts, mais pour déplorer les tentatives de manipulations politiciennes, les prises de positions absurdes, les polémiques éhontées post mortem. L’homme politique est connu pour n’ouvrir la bouche que pour manger, mentir ou manipuler. La tempête post mortem autour du cercueil de l’ancienne Première Dame prouve à suffisance que de tous ces maux, la manipulation n’hésite pas à prendre le dessus. Si l’on se résout à en reparler, c’est parce que ce n’est pas la première fois qu’une dépouille mortelle engendre polémiques et pressions  dans ce pays.  Mais, à l’époque, la flamme en valait la chandelle. L’honneur du pays était en jeu.

En 1972, Ossagyéfo Kwamé Nkurumah, rend l’âme à Bucarest, en Roumanie, à la suite d’une longue maladie. Le Gouvernement guinéen, qu’il « co-présidait » par la seule volonté du Responsable Suprême de la Révolution, l’avait envoyé à Moscou pour des soins. Le diagnostic pousse les camarades soviétiques à l’envoyer à leur tour en Roumanie pour des soins encore plus intensifs. L’ancien président du Ghana y meurt le 27 avril 1972. Son fils ainé, Francis Nkrumah, quitte aussitôt Accra pour Bucarest afin de récupérer le corps « Niet, » lance depuis sa résidence de Rome, Kéita Seydou, l’ambassadeur de Guinée en Europe Occidentale. « Re-niet ! », répliquent sèchement les autorités roumaines. « Nous remettrons le corps à la famille du défunt, à son fils ainé. C’est le plus crédible, le plus présent ici aux heures les plus sombres de la vie du père ». L’ambassadeur Kéita intensifie le courrier diplomatique et finit par atterrir lui-même à Cona-cris afin de se faire mieux comprendre. Commencent alors palabres et pressions entre Cona-cris et Bucarest. La porte ne s’ouvre pas. Conakry se tourne vers Moscou pour exiger et obtenir le retour immédiat en Guinée, du corps de son second président «  pour des funérailles dignes de nom. » Et toc !

La dépouille mortelle de Nkurumah finira par arriver à Cona-cris à partir de Bucarest. Elle y restera longtemps après le mémorable symposium international, organisé dans la capitale guinéenne en présence de la famille du défunt et des autorités d’Accra. Elle séjournera en toute discrétion au laboratoire de l’Institut Polytechnique de Conakry, aujourd’hui, UGANC, jusqu’à ce que Conakry renoue indissolublement avec les pannes d’électricité. Elle sera rendue au Ghana au nom « de notre infaillible panafricanisme africain. » Tout le monde, il est beau…

Sûr qu’Alpha Condé était loin de tout cela, mais toutes choses étant égales par ailleurs, la fuite de « l’audio de Dame Gnalen » reste une source inépuisable de réflexions sur la vie réelle du couple éploré.  Aussi regrettable qu’elle soit, elle n’explique pas toutes les raisons de l’absence de la famille biologique du chef de l’État déchu. Il a un fils, non ? Où était-il pendant les funérailles de Hadja ? Après tout, le père et le fils ont cherché l’argent ensemble en Afrique du Sud et en Angola, notamment, pour financer la campagne électorale de 2010. Pour celle de 2020, l’histoire retiendra que Hadja Djénè Condé a joué toute la partition dévolue à la fille écoutée de Kankan au profit du RPG-Arc-en-Ciel. Il n’était pas donné à tous ceux qui ont boycotté ses funérailles de réussir un tel exploit. Son âme repose en paix ! Comme d’habitude, Alpha aura manqué d’élégance et de moralité. Il faut le déplorer !

Diallo Souleymane