Le 25 avril à Conakry, le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, à travers le Programme National de Lutte contre le Paludisme PNLP en collaboration avec les partenaires techniques et financiers notamment Catholic relief Service (CRS)ont évoqué la lutte contre le paludisme, à la faveur de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme dont le thème de cette année 2023 est : «Il est temps d’atteindre zéro palu. Innover. Investir. Mettre en œuvre.»

Le paludisme est la principale cause de consultation en Guinée, avec une prévalence de 17% en 2021. Il constitue aussi la première cause de mortalité et de morbidité et «compromet le développement économique et social», soutient Alioune Camara, coordinateur du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP). Il a plaidé pour la mise en place du Conseil pour l’élimination du paludisme (CEP). Sa mission sera d’assurer à toute la population un accès à des services de prévention et d’une prise en charge de qualité, conformément à la politique nationale de santé.

Le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Mamadou Péthè Diallo, a exhorté les acteurs à continuer la lutte jusqu’à l’élimination de la pathologie en Guinée. Pour lui, il ne s’agit pas de prendre des engagements, mais de mener des actions concrètes en termes d’innovation, d’investissement et de mobilisation, afin de réussir la lutte contre le paludisme.

Au cours de ces dernières années, le ministre précise que le taux de prévalence du paludisme est passé de 40 à 17%. «Ce qui veut dire que nous sommes sur la trajectoire de l’élimination de la maladie. En 2022, le gouvernement a financé et acheté l’équivalent de plusieurs millions de dollars et 1 100 000 moustiquaires à longue durée d’action qui ont été mises à la disposition du PNLP. C’est la première fois que notre pays s’engage à dépenser autant d’argent dans l’achat des moustiquaires. Nous allons entrer en discussion pour appuyer le programme d’introduction des vaccins anti-paludisme ». Le ministre a salué l’engagement des partenaires techniques et financiers et a assuré que le combat sera gagné.

Que personne ne meurt du palu !

Madame Glady’s Guerrier Archange, Représentante Résidente de Catholic relief Services (CRS), rappelle que l’accélération de la journée mondiale de lutte contre le paludisme  s’inscrit parmi les «grandes priorités  de CRS» notamment de leur vision stratégique 2030. «CRS a accompagné le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique dans la conduite, avec succès, de quatre  campagnes nationales de distribution gratuite des moustiquaires imprégnées : 2013, 2016,2019 et 2022. La dernière campagne a connu la digitalisation pour une meilleure gestion des données mais aussi pour  mieux répondre aux besoins réels des communautés. Au total, deux millions de moustiquaires ont été distribuées pendant cette période, sans parler de la distribution de routine.»

Dame Glady’s Guerrier déclare que ces efforts ont contribué à passer le pourcentage des ménages disposant d’au moins d’une moustiquaire, de 47% en 2012 à 63% en 2021. Et que le pourcentage des ménages ayant dormi sous une moustiquaire monte de 38 à 50% dans la même période. «Les indicateurs se sont améliorés en Guinée, mais nous devons continuer à investir les ressources nécessaires afin que personne ne meurt à cause d’une piqûre de moustique.»

« Taux de décès inacceptable »

Jean-Marie Kipela, représentant résidant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), martèle que le paludisme reste un ennemi tenace de santé publique. Selon lui, en 2021, la maladie a tué 619 000 personnes, dont environ 96% vivant en Afrique. «Le paludisme est de 6 à 20 fois plus susceptible de se propager dans les endroits exposés aux moustiques que le variant Omicron. En 2021, grâce aux mesures conjointes prises par des pays touchés et les partenaires, la mortalité liée à la pathologie a baissé par rapport à 2020, malgré les effets néfastes du Covid-19.»

En termes de progrès, poursuit-il, environ 75% de 171 millions de moustiquaires imprégnées d’insecticides ont été distribuées, le traitement saisonnier a été étendu à près de 45 millions d’enfants dans 15 pays africains, contre 33,4 millions d’enfants. «La prestation du service de dépistage et le traitement du paludisme ont été maintenus. Et 1,6 milliard de cas de paludisme et 11 millions de décès liés à la maladie ont été évités dans la région africaine de 2000 à 2021. Nous sommes profondément préoccupés par le fait que les décès liés au paludisme restent à un niveau inacceptable et que le nombre de cas augmente depuis 2015. La région africaine a enregistré 234 millions de cas de paludisme dont 593 000 décès en 2021, selon les estimations». Pour renchérir, Jean-Marie Kipela invite à repenser et à redynamiser les stratégies en investissant et en innovant.

Yaya Doumbouya