Le défilé des victimes du massacre du 28 septembre 2009 se poursuit à la barre. El Hadj Nouhou Barry, une autre victime habitant au quartier CBA (Kountia), a expliqué qu’il s’est rendu au stade avec des membres de sa famille. Dès 6h, ils ont bougé, direction le stade.

Arrivés à 9h 30, ils sont entrés au stade. Ce jour, c’est son grand frère, Amadou Oury Barry, qui avait dirigé la prière sur la pelouse. Après, ils sont allés à la tribune, il y avait une ambiance bon enfant. Mais quelques minutes plus tard, ils ont entendu des tirs. «Nous avons aperçu que les militaires étaient en train de frapper les leaders. Des civils habillés en maillot de Chelsea armés de gourdin également frappaient les gens. C’était le sauve-qui-peut.  Un de mes frères m’a demandé ce qu’on allait faire, je lui ai dit que chacun se cherche. C’est ainsi que mon frère Amadou Oury Barry m’a dit de ne pas le laisser, il ne se sentait pas bien. Alors, nous sommes mis à chercher des portes de sortie, partout où nous partions, on était heurté à des barrières de policiers, militaires et gendarmes. Nous sommes allés vers Marocana, nous avons trouvé que des fils électriques étaient tombés dans de l’eau, des gens mouraient électrocutés. Nous avons rebroussé chemin, pour aller vers le petit stade (stade annexe Ndlr), là-bas, il y avait assez de trous, nous n’avions pas pu sortir. Pendant ce temps, des civils armés de couteaux étaient en train de frapper les gens. Nous avons aperçu des militaires qui tiraient des femmes dans la salle de basket. C’est là que mon frère Amadou Oury a reçu une balle fatale sur la poitrine, et la jambe, il est mort sur place (pleures), j’ai tiré le corps pour aller à côté. Des gendarmes sont arrivés, j’ai donné mon téléphone à un gendarme pour m’aider à appeler la famille. Cela a coïncidé à l’arrivée des bérets rouges, ils m’ont bastonné, arraché quatre dents, et m’ont percé avec une baïonnette. J’ai fait le mort, en me couchant au milieu des morts, pour ne pas qu’on me tue. Peu après, la Croix-Rouge m’a transporté à Donka. Quand on recevait les premiers soins, des bérets rouges sont venus saccager la pharmacie. Ils ont pris des blessés pour embarquer dans un pick-up. C’est ainsi, j’ai dit à mes parents que je ne vais plus rester à Donka. On m’a envoyé à l’hôpital Mère et Enfants de Kipé. J’ai fait 7 mois à l’hôpital…»

El Hadj Nouhou Barry affirme que le corps de son frère Amadou Oury Barry n’a jamais été retrouvé. Plusieurs jours, ils ont recherché le corps en vain. D’ailleurs, ils ont créé l’association des Familles des disparus.

Ibn Adama