Le Procès opposant El Hadj Amadou Barry à Djénè Kaba a continué ce 25 avril, au TPI de Mafanco. L’imam est accusé de « viol sur mineure » suivie d’une grossesse. L’audience de ce mardi était consacrée aux observations sur les conclusions du test ADN. Des conclusions fermement rejetées par la défense.

Dans cette affaire, les audiences avaient, à un moment donné, été suspendues pour réaliser un test ADN afin de déterminer si l’imam El Hadj Amadou Barry est ou non le père biologique de l’enfant de Djénè Kaba qui l’accuse de viol. Les résultats du test ADN montrent qu’El Hadj Amadou Barry est à plus de 99,99% le père de cet enfant. Ce qui confirmerait donc la thèse selon laquelle il aurait bien abusé de l’adolescente de 14 ans. Me Paul Lazare Gbillimou, avocat de la partie civile, a fait comprendre qu’il n’avait à redire sur les conclusions du rapport : «Elles sont fidèles à ce que nous recherchons dans cette affaire. Permettez-nous de présenter nos plaidoiries». Le ministère public abonde dans le même sens : «Nous nous en remettons à ces conclusions».

Mais la défense ne l’entend pas de cette oreille. Elle rejette purement et simplement les conclusions du rapport, arguant que le médecin qui a réalisé le test ADN était non seulement en connivence avec la partie civile, mais qu’il aurait aussi violé la procédure : « Un rapport médical est secret, seul le parquet doit l’avoir avant les parties au procès. Dans cette procédure, le médecin était en communication avec la fille (victime, ndlr) et sa maman bien avant que les résultats arrivent au parquet», déclare Me Fodé Camara. Pour étayer cette thèse, il présente au tribunal une « conversation» que Djénè Kaba aurait eue avec un certain Sidiki qu’il présente comme « petit-ami » de la victime. Des messages dans lesquels la fille l’informe de la disponibilité des conclusions du test et qu’El Hadj Amadou Barry est bien le père. Il demande une contrexpertise : « Nous doutons de ce rapport, c’est pourquoi nous faisons une telle demande».

La défense accuse le cabinet qui a réalisé le test d’avoir violé l’ordonnance prise à cet effet par le juge Souleymane 1 Traoré, en changeant le lieu indiqué pour le rapport : « Il était prévu que l’expertise se fasse à Lyon. Elle a été trafiquée en Allemagne, pourquoi ? » s’interroge Me Paul Yomba Kourouma.

Il était aussi prévu que les deux parties au procès paient ensemble les honoraires du médecin. Me Paul Yomba Kourouma assure que son client n’a payé aucun centime : « Qui a payé cet argent pour cette expertise ? Pire, le prélèvement a été fait à notre absence. Ce rapport est nul et de nul effet». L’avocat met même en doute la compétence du médecin : « Le cabinet choisi est incompétent, d’ailleurs celui qui a fait le test est un assistant. L’expertise est fausse. Plus grave, en Allemagne, le cabinet indiqué décline toute responsabilité. Ce n’est pas notre enfant, nous ne le reconnaissons pas».

Cette version de la défense provoque l’ire du ministère public. Kanfory Ibrahima Camara de mettre en doute la fiabilité de la conversation entre Djénè et le nommé Sidiki : « Quelle est l’origine de ces messages ? Il n’y a ni de numéro ni de nom d’opérateur téléphonique. Ces résultats sont incontestables, la défense est dans le dilatoire. Avançons».

Au cours des débats, il s’est révélé que Sidiki n’est pas un petit-ami de la victime, mais un proche de l’accusé. Il courait après Djénè, pour lui soutirer des informations : « Comme l’autre camp nous espionnait (la partie civile, ndlr), nous avons envoyé Sidiki pour avoir des informations», avoue El Hadj Amadou Barry.

Le juge décide finalement de réserver l’ordonnance d’une contrexpertise : « Nous n’avons pas suffisamment d’éléments pour ordonner une contrexpertise ». Il ordonne la comparution, le 3 mai prochain, du docteur Thierno Sadou Diallo qui a réalisé le test ADN et de Sidiki.

Yacine Diallo