Dans la soirée du 30 avril, un jeune a été tué au quartier Wanindara, dans la commune de Ratoma. El Hadj Mamoudou Barry aurait été percuté par un véhicule de l’armée au cours d’une manifestation spontanée. Sa famille accuse le BATA (Bataillon autonome des troupes aéroportées).

Depuis des jours, plusieurs quartiers le long de la route Leprince sont en ébullition. Les habitants protestent contre les délestages électriques devenus de plus en plus pesants dans leur quotidien en cette période de forte chaleur. A Wanindara, le dimanche 30 avril, l’absence du courant électrique dans les ménages combinée à une descente musclée des forces de défense et de sécurité a fait sortir les jeunes de leur gong. Ils ont érigé des barricades sur la route principale au Carrefour-marché et tout près de la T5. Une unité mixte : police, gendarmerie, BAC et BATA, est intervenue. Jets de pierres contre gaz lacrymogène, courses-poursuites dans le quartier, coups de feu. Dans ce brouhaha, un jeune a été mortellement fauché par un véhicule des hommes en tenue : «Après le dîner, lui et son frère se sont arrêtés derrière notre concession. Avant d’aller me coucher, ils n’étaient pas revenus. Je suis allée les chercher, j’ai entendu du bruit, les gens étaient en train d’ériger des barricades. Son petit-frère m’a dit qu’El Hadj était dans la foule. Je suis allée lui dire de rentrer, il n’a pas accepté. C’est en ce moment qu’un pick-up de l’armée a surgi. Dans la débandade, il l’a percuté», explique sa mère Rouguiatou Barry. El Hadj Mamoudou Barry est mort sur place. Sa mère accuse le BATA : «On me dit que c’est un véhicule du BATA qui l’a fauché. J’ai voulu voir le corps, mais les gens n’ont pas accepté, il y avait les échauffourées. Le corps est resté sur le goudron jusqu’au petit matin».

L’annonce du décès d’El Hadj Mamoudou Barry a provoqué un regain de tension ce 1er mai. Les jeunes, excédés, ont barricadé la route tôt le matin, exigeant ainsi la lumière autour de ce décès. Les forces de l’ordre ont débarqué en grand nombre, les accrochages ont repris de plus belle. La tension n’est retombée qu’en fin de matinée.

Tension dans d’autres coins de l’Axe

Si à Wanindara c’est la mort d’El Hadj Mamoudou Barry qui a mis de l’huile sur le feu, dans les autres quartiers de l’Axe Hamdallaye-Kagbélen, des motifs autres que les problèmes de délestages électriques se cacheraient derrière ces manifs. A Bambéto et à Hamdallaye par exemple, des jeunes dénoncent des arrestations arbitraires tard les nuits. Les forces de l’ordre, elles, disent opérer contre les consommateurs de drogue, notamment de la Kusch. De par le passé, les hommes en tenue avaient utilisé le même argument, à l’approche des manifestations du FNDC, pour arrêter des leaders de l’Axe.

Yacine Diallo