Les marmots et leurs aînés du secondaire premier et second cycle viennent d’en finir avec les affres des examens nationaux. L’angoisse de l’attente a été bien longue, lancinante, crevante. Les souvenirs des nuits cauchemardesques dues aux résultats catastrophiques de l’année scolaire 2022 n’ont pas encore totalement libéré leurs esprits. Ils continuent d’agiter leurs méninges.

En cette période d’examen, le sommeil des adultes qui gèrent le système éducatif ne devrait pas du tout être paisible. Ce n’est pas dans les bras et l’ambiance calfeutrée de Morphée qu’ils se prélassent. Loin s’en faut ! Car, pareil à l’œil de Caen, le regard des enfants devrait les tourmenter, les contraindre à se mettre en cause et à s’interroger sur la qualité du triptyque enseignement-éducation durable-formation. La quête de solutions aux résultats scolaires scandaleux de 2022 requiert un profond diagnostic du rapport enseignement-éducation.

Le mal est trop profond. Il ne suffit pas de pointer un doigt accusateur sur les marmots, les enseignants, les parents, les gestionnaires du système. Pour y remédier, il vaut mieux plutôt interroger le système. Est-il adéquat, idoine, approprié aux cultures dont sont pétris les apprenants, voire les enseignants ? Le moment est arrivé de détricoter le système éducatif, l’éclater en puzzle, le repenser et le reconstruire sur la base des réalités du pays et des contingences de la révolution technologique mondiale. Notre temps est bien opportun. Il est celui de la refondation, temps de la remise en cause de toutes nos créations qui ne semblent plus bien tenir la route, qui transpirent à grosses gouttes et nous ôtent le sommeil.

La raison d’être des examens et concours est-elle toujours pertinente ? A-t-on toujours conscience des objectifs visés lors de ces évaluations des connaissances des élèves ? De réforme en réforme, on a fini par transformer les examens nationaux en goulots d’étranglement du cursus scolaire des élèves et, au-delà, de leur carrière professionnelle.

Le CEE (Certificat d’études élémentaires), premier filtre, ne doit pas être une barrière infranchissable à la progression de centaines de milliers d’enfants. Qu’a-t-on fait de près de 200 000 candidats ajournés en 2022 ? Heureusement que les résultats de cette année sont nettement meilleurs que ceux de l’année dernière. Tant mieux ! Ce qui paraît encore difficile à comprendre, c’est le fait d’interdire aux collèges privés d’accueillir ces malheureux candidats.

On ne peut pas non plus bien saisir la logique d’empêcher celui qui n’est pas titulaire du CEE de compétir en candidat libre au BEPC (Brevet d’études du premier cycle), ni à celui qui ne détient pas ce dernier parchemin de tenter sa chance au Bac. Ignore-t-on donc le brillant parcours des autodidactes dont l’un des plus célèbres s’appelle Ahmed Sékou Touré ? Il ne faut pas s’éloigner de l’idéal de Jules Ferry qui a eu la généreuse idée de démocratiser l’école en la rendant obligatoire et en l’élargissant à tous. L’école est sans doute l’un des facteurs majeurs et durables de la refondation de l’Etat. Souvenons-nous que « tant vaut l’école, tant vaut la nation. »

Abraham Kayoko Doré