Dans le procès du massacre du 28 septembre 2009, Mamadou Bailo Sow né en 1988, victime a raconté sa mésaventure le 25 juillet, devant le juge au tribunal criminel de Dixinn délocalisé. Très tôt le matin du 28 septembre 2009, Sow et ses amis ont quitté Wanindara, pour répondre à l’appel des leaders des Forces vives de la nation. En route, ils se sont heurtés à un dispositif des forces de défense et de sécurité, le long de l’axe Hamdallaye-Sonfonia. Il affirme qu’au niveau du carrefour du quartier Bellevue, des policiers armés qui voulaient coûte que coûte les bloquer, ont tué deux personnes. Comme plusieurs victimes avant lui, il dit qu’ils ont trouvé le colonel Moussa Tiegboro Camara qui criait sur les gens. Selon la victime, il y avait trois bérets rouges parmi les hommes de Tiegboro. «Nous sommes rentrés au stade, quelques minutes après, ils ont lancé du gaz lacrymogène. C’est dans cette ambiance que les bérets rouges ont fait incursion, pour tirer à bout portant sur les manifestants. Dans la débandade, j’ai aperçu un militaire en train de frapper Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG. Je n’oublierai jamais cela. Comme je ne pouvais rien faire, j’ai marché pour sortir du stade». Mamadou Bailo Sow affirme que dans le stade, il n’a vu que des bérets rouges. Ainsi, lorsqu’il sortait, des militaires coiffés en bérets noirs détenaient des couteaux et agressaient les manifestants qui fuyaient et essaient de sortir. Lui, il dit avoir reçu un coup au niveau de sa hanche. « Je tentais de monter sur un manguier, lorsqu’un militaire m’a tiré, je suis tombé, il m’a donné des coups de cross tout en me proférant des injures à caractère ethnique : ‘’Vous voulez le pouvoir, vous allez voir‘’.  Il m’a frappé jusqu’à ce qu’il a pensé que j’étais mort. Là où j’étais couché, j’ai aperçu des militaires violer une femme dans un couloir. C’était une grosse dame qui portait un jean bleu. Ils ont utilisé le couteau pour déchirer son pantalon. J’ai entendu la femme crier ».

Bailo Sow dit qu’il était à l’agonie lorsqu’un groupe de personnes l’a porté pour le siège de la mairie de Dixinn. Il révèle qu’un parmi les jeunes qui le portaient a reçu une balle dans la tête, le sang est tombé sur lui. Les trois autres ont continué de le porter jusqu’au siège de la commune et l’ont laissé là. Ensuite, un frère l’a trouvé, il est allé prendre une charrette, il a versé les ordures, ils l’ont mis dedans avec deux vieilles. Mais à cause des tirs nourris, ils l’ont laissé en cours de route. « Un autre groupe de manifestants est arrivé, ils m’ont pris et m’ont demandé si je retenais le numéro de quelqu’un. Je ne pouvais pas parler, mais j’ai demandé qu’on me donne un téléphone pour pouvoir composer le numéro. Dès qu’ils ont fini de parler avec mon frère, des tirs ont continué, une balle m’a atteint. Mon frère est revenu me prendre et m’a transporté dans une clinique chez Dr Sow. Celui-ci a dit qu’il fallait évacuer tous les blessés graves à l’hôpital Donka…»

Selon Bailo Sow, quand le capitaine Moussa Dadis était allé les rendre visite à l’hôpital Donka, il a refusé de le saluer. A cause de cela, dit-il, les médecins l’ont conseillé de quitter l’hôpital.

A une question d’un avocat de savoir s’il pouvait citer les gens avec qui il était au stade, Bailo Sow en a cité 4, avant de dire qu’un de ses amis a perdu l’usage de son sexe à cause de la violence qu’il a subie au stade. Mamadou Baïlo Sow dit aussi avoir perdu son petit frère, Karamoko Nouhou Sow, il ne l’a pas retrouvé jusqu’à date.

Mamadou Adama Diallo