Légende vivante de la musique pastorale guinéenne, le chanteur Mouctar Paraya Baldé alias Mic Paraya n’est pas content du BGDA (Bureau guinéen du droit d’auteur). Basé dans sa région natale à Labé, l’art-triste n’a jamais perçu deux millions de francs glissants, comme droits d’auteur, en 25 ans de carrière. Il déplore la « misère que vivraient les artistes guinéens».

Le 22 septembre 2022, le ministère de la Culture, du tout-risque et de l’artisanat, accompagné du BGDA a signé un prototocole d’accord relatif à la perception de la rémunération sur la copie privée, à la reprographie des œuvres fixées sur un support graphique ou analogique et la mise en œuvre du droit d’importation des œuvres littéraires et artistiques. Un an après, les art-tristes se plaignent toujours.

Auteur de plusieurs albums et de singles, toutes les œuvres de Mic Paraya sont enregistrées au BGDA, mais les retombées sont très minimes à ses yeux. Il mériterait plus. Pendant ce temps, le BGDA multiplie les campagnes d’infos, de sensibilisation et de vulgarisation d’une loi promulguée par le Prési de la transition, portant sur la perception des droits d’auteur. Il dit se battre pour permettre aux artistes de vivre de leurs créations.

Dans une interview accordée à Siaminfo, Mouctar Paraya Baldé a invité le service guinéen du droit d’auteur à changer de méthode pour inverser la donne. « Pour nous, c’est le représentant de l’État. Quand un artiste crée des morceaux, des mises en scène ou des desseins et qu’il n’en profite pas, c’est difficile. Imaginez, des chansons sont diffusées dans les cafés, boîtes de nuit ou à l’occasion des spectacles, nous les artistes, ne profitons pas de cela, c’est grave. Depuis plus de 25 ans, je suis dans la musique, mais jusqu’à présent malheureusement, je n’ai pas atteint 2 millions GNF », s’indigne Mic Paraya.

Du péché

L’artiste signale que dans des pays voisins, ses confrères de même durée de carrière musicale que lui, toucheraient plus que cela. «Ce n’est pas bien et je pense que c’est un péché, on ne peut pas décoller avec cela ». Selon lui, la Guinée est une référence en matière de culture. En guise d’exemple, il cite le Sénéga-laid Youssou N’dour, qui se serait inspiré de la musique guinéenne pour réussir. Il interpelle : « Le BGDA doit faire attention. Ne pas rester dans un bureau et attendre la fin de l’année, pour balancer des « miettes insignifiantes au titre de droit d’auteur, c’est anormal », a plaidé Mic Paraya pour un changement dans la façon de traiter les artistes guinéens. Il déclare que « le ministère de la Culture et le BGDA doivent se bouger. Ils doivent soutenir les artistes et contribuer au changement de leurs conditions de vie ». 

Malgré tout, Mouctar Paraya Baldé ne perd pas espoir. «Avec le ministre Alpha Soumah, puisqu’il était un artiste, je pense qu’il y aura un changement dans la configuration du BGDA, mais aussi le montant que percevront les artistes à la fin de chaque année. Honnêtement, ça ne fait pas plaisir d’être artiste en Guinée, au regard des difficultés que nous traversons ».

Espérons que les campagnes du BGDA servent à inverser cette tendance.

Abdoulaye Pellel Bah