Décidément, la Francophobie bat son plein en Afrique. Même dans la partie nord du continent où une récente sollicitation française n’est pas passée inaperçue chez bien des observateurs. Après les calamités naturelles au Maroc et en Libye, la France a demandé au Maroc si elle peut apporter son assistance aux victimes. La demande a failli être classée sans fuite. Même si ici, les raisons sont totalement différentes avec celles de l’Afrique de l’Ouest. Le divorce franco-marocain est consécutif au mariage entre l’Hexagone et l’adversaire déclaré du Maroc de tous les temps au Maghreb : l’Algérie.

Dans la partie ouest du continent, l’animosité à l’égard de la France continue de plus belle dans les trois bleds qui sont devenus le fer de lance de la contestation de Paris sur le continent noir. Dans un courrier du 14 septembre 2023, le Niger demande à la France le départ de son attaché de défense, Emmanuel Pasquier. Niamey informe Paris par la même occasion la fermeture du bureau similaire du Niger à Paris.

Simple coïncidence ou message fort adressé au gouvernement français, au moment même  où une réunion se tient à Bamako entre le vice-ministre russe de la Dépense et les ministres de la Dépense du Mali et du Niger. Pour de nombreux observateurs, il s’agit de la deuxième hypothèse. L’axe Bamako-Ouagadougou-Niamey déshabille le cousin gaulois pour habiller le camarade popov.

L’escalade continue donc entre Paris et ses anciennes colonies. La décision de la présidence française d’ignorer les injonctions des nouvelles autorités nigériennes pour ramener son ambassadeur en France apporte de l’eau au moulin des officiers putschistes. Lesquels présentent leurs différentes réactions devant l’opinion africaine comme une résistance contre le diktat français en Afrique.

Cette « résistance » inspire beaucoup de panafricanistes et autres opportunistes avides de se faire une place au soleil. C’est sans doute dans ce cadre qu’il faut placer la brève interpellation du polémiste franco-béninois Kémi Séba à l’aéroport de Cotonou. Dans un contexte marqué par une farouche compétition franco-russe en Afrique de l’Ouest, cet activiste et pourfendeur de la France est perçu comme une menace contre les pouvoirs pro-français.

Dans le bras de fer qui l’oppose à trois pays, le Prési français a mis le pied dans le plat du Niger. A cause de son refus d’obtempérer à la décision des putschistes et de ramener son ambassadeur au bercail. De plus en plus, des Français s’insurgent contre la décision de l’Elysée. De nombreux citoyens français estiment que l’ambassadeur déclaré persona non grata ne représente pas Emmanuel Macron auprès de Mohamed Bazoum, mais la France au Niger. Ils s’indignent déclarant qu’Emmanuel Macron n’est pas la France.

Les autorités françaises accusent le nouveau régime nigérien d’avoir pris le diplomage français en otage. Reste à savoir si l’ancienne puissance coloniale fera deux poids deux morsures entre l’ambassadeur et l’attaché de défense. Si elle obtempère pour ce dernier, elle aura de facto reconnu les nouvelles autorités. Or, il sera difficile de continuer à ignorer la demande de départ du diplomate contre la volonté du pays accréditant.

Pour une fois, la France se retrouve isolée. Aucun de ses alliés, à la fois américain et européen, n’a soutenu sa position. Dans cette affaire, elle n’avait que deux options : maintenir son ambassadeur comme son représentant auprès de la République du Niger, rompre ses relations diplomatiques et ramener tout le personnel à Paris. Mais aucun Etat, même ancienne puissance coloniale, ne peut maintenir une mission diplomatique dans un pays contre la volonté des autorités de ce pays. Même si, là aussi, ce sont des putschistes.

M. Macron finira donc par ramener son ambassadeur et rompre avec le Niger, en attendant un hypothétique retour à l’ordre constitutionnel. Parce qu’il faut le souligner en gras, les coups d’éclat de 2023 sont identiques à ceux des années 70 et 80. Comme on peut le constater, que ce soit au Mali, au Burkina Faso, en Guinée ou au Niger, le retour à l’ordre constitutionnel semble renvoyé aux calendes grecques. Mais cela est une autre histoire. Pour revenir aux relations franco-africaines, il y a désormais trois catégories de pays : les pays alliés de la France comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou le Bénin, les pays qui naviguent entre les alliés et les adversaires déclarés, auxquels la Guinée fait partie et bien évidemment les pays adversaires : le trio Mali, Burkina Faso et Niger. Ces trois pays se tournent désormais vers la Russie. Au grand dam de toutes les ONG nationales, les intellectuels en général et le monde scientifique en particulier. Une rupture totale avec Paris plongerait ces entités dans une situation très inconfortable. Déjà la France aurait annoncé la couleur, elle n’accorderait plus de visas aux pays qui lui sont hostiles. Ce qui causera un préjudice aux citoyens de ces pays. En particulier les étudiants.

C’est pourquoi avant de choisir la Russie au détriment de la France, les nouveaux maîtres de ces bleds devaient demander l’avis de ceux qui, au lendemain des indépendances, ont choisi l’ex Union soviétique. Dans un monde globalisé et interdépendant, rompre avec la France pour se jeter dans les bras de la Russie est une stupidité injustifiable. Eh, oui !

Habib Yembering Diallo