Le Catholic Relief Services (CRS) a procédé au lancement officiel de son projet « Wakili-Femme et Engagement », ce 19 octobre, à l’hôtel Riviera Royal, dans la commune du Kaloum. Il bénéfice de l’appui financier du gouvernement Américain à travers l’USAID, à hauteur de 3 500 000 USD. Il compte s’attaquer aux causes profondes de la faible autonomisation des femmes et des jeunes, et de leur participation quasi inexistante dans les mécanismes de consolidation de la paix et dans les instances de prise de décision.

Catholic Relief Services a comme partenaires de mise en œuvre, l’Organisation Catholique pour la Promotion Humaine (OCPH Caritas Guinée) et le Réseau Ouest Africain pour l’Edification de la paix (WANEP -Guinée).

Présente en Guinée depuis l’an 2000, CRS travaille en partenariat avec les structures étatiques, les institutions internationales, les organisations locales et de la société civile en vue de contribuer à la réalisation des priorités du Gouvernement à travers  les secteurs d’interventions, notamment la santé, l’éducation, la consolidation de la paix, l’eau, l’hygiène et l’assainissement (WASH), la nutrition, la sécurité alimentaire et moyens de subsistance, la lutte contre la migration irrégulière ainsi que la réponse aux situations d’urgences.

Au cours de la cérémonie, la représentante résidente du CRS Guinée, Mme Gladys Guerrier Archange, a commencé par remercier les partenaires et les membres du gouvernement qui ont pris part à la cérémonie. Selon elle, la vision du CRS est celle d’un monde sans pauvreté, ni injustice, ni violence. A cet effet, CRS place le renforcement du leadership local au cœur de sa mission pour un développement humain intégral. Il s’agit avant tout de fournir un accompagnement technique et financier aux partenaires locaux en vue d’accroitre leur efficacité et la prise en main de leur propre développement.

 « Wakili » signifie engagement, détermination dans la plupart des dialectes du pays. Financé par le Gouvernement Américain à travers l’USAID, à hauteur de 3 500 000 dollars américains pour quatre (4) ans le projet Wakili – Femme et Engagement, vise à appuyer les efforts des autorités guinéennes en matière de bonne gouvernance et de respect des droits humains pour une paix durable avec la participation des jeunes et des femmes.

Ainsi, « nous félicitons le CNRD de considérer les jeunes et les femmes comme des acteurs clés pour le développement socioéconomique de la Guinée. Nous tenons également à féliciter la République de Guinée d’avoir ratifié la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, relative à la participation des femmes aux processus de consolidation de la paix et ainsi que la résolution 2250, reconnaissant l’apport des jeunes en matière de consolidation de la paix. En saluant les avancées en Guinée dans ces domaines, il nous revient toutefois, de constater qu’il y a encore du chemin à parcourir en vue d’une représentation ainsi qu’une participation effective des femmes et des jeunes dans les cercles de prise de décision et la gestion pacifique des conflits. Les femmes, en particulier continuent à faire face à des entraves structurelles et systémiques causées par des pratiques sociales négatives, des perceptions et préjugés néfastes à leur plein épanouissement » a laissé entendre Mme Archange.

Le projet « Wakili – Femme et Engagement » sera mis en œuvre en Haute-Guinée, Guinée forestière et à Conakry, CRS et ses partenaires souhaitent s’attaquer aux causes profondes de ces inégalités afin d’inverser la tendance en visant trois grands objectifs :

Premièrement, l’autonomisation sociopolitique et économique des femmes et des jeunes avec une meilleure confiance en soi et une résilience économique accrue. En deuxième lieu, le renforcement des capacités des acteurs clés, nous citons les chefs religieux et traditionnels, les médias, les autorités locales et les époux des femmes leaders afin de promouvoir la participation des femmes et des jeunes aux mécanismes de consolidation de la paix et aux organes de prise de décision. Et troisièmement, il s’agira de renforcer les capacités techniques et institutionnelles des organisations locales, y compris les structures relais de Femmes Leaders et de Jeunes pour mobiliser des ressources financières afin de mettre en œuvre des projets de développement et de cohésion sociale de manière autonome.

Ainsi, au terme de l’initiative, les communautés impliquées seront pleinement engagées dans la résolution pacifique de conflits pour une plus grande prospérité, la paix, le développement local ainsi que l’établissement de relations productives fondées sur la confiance, la collaboration, la transparence et la responsabilisation entre et parmi les citoyens et les autorités.

Pour terminer, la représentante résidente du CRS Guinée lance un appel à plus d’initiatives de ce genre sur l’ensemble du territoire en vue de soutenir l’engagement des autorités Guinéennes pour des communautés paisibles et prospères.  « Je renouvelle nos sincères remerciements au Gouvernement et au peuple américains à travers l’USAID pour la confiance renouvelée à CRS. J’interpelle l’ensemble des parties prenantes à s’engager pleinement pour la réussite du projet. Il nous revient individuellement et collectivement de veiller à ce que les jeunes ainsi que les femmes soient présentes et participent activement aux mécanismes de consolidation de la paix et soient représentés de manière équitable au sein de tous les organes décisionnels en Guinée ».

Ce projet compte toucher 793 participants directs, principalement des femmes et des jeunes filles (73%), suivis par des hommes adultes (17%) et des jeunes hommes (10%) et de plus de 1 181 520 participants indirects.

Pourquoi le projet Wakili ?

« Wakili-Femme et Engagement » a pour objectif de renforcer les interventions de l’Etat Guinéen et de ses partenaires en autonomisant les femmes et en favorisant leur participation à la consolidation de la paix et aux processus de prise de décision.

Selon un rapport de la Banque Mondiale, une grande majorité des personnes vivant dans la pauvreté en Guinée (86,8%) résident en milieu rural, avec 53, 3% des femmes dans ces zones.

Les femmes, souvent analphabètes et méconnaissant leurs droits, sont confrontées à des conflits aux cotés des jeunes, qui sont les groupes les plus vulnérables de la société. L’augmentation de la pauvreté, le manque d’opportunités économiques et l’exclusion politique contribuent à une désaffection des jeunes.

Une analyse menée par l’USAID en 2020 a révélé une tolérance et une justification élevées de la violence sexiste (VBG), des systèmes de justice traditionnels qui renforcent la subordination des femmes, ainsi que des normes, des contraintes de mobilité et de temps, des problèmes de sécurité et de l’alphabétisme en tant qu’obstacles à la participation et au leadership effectifs des femmes dans la prise de décision. Environ 85% des femmes guinéennes souffrent de violence domestique et la plupart d’entre elles sont incapables d’intervenir dans les conflits publics sans craindre des représailles de la part des hommes, de leur famille et de leur communité. Ces pressions empêchent les femmes d’établir des canaux de communication au-delà des divisions ethniques et religieuses, ce qui pourrait atténuer la violence.

Aux dires, du secrétaire du ministère de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables, M. Yassy Roger Klonon, les femmes et les filles jouent un rôle essentiel au sein de leurs communautés. En période de conflit, elles promeuvent souvent la paix et la négociation entre les parties belligérantes. Leur participation est également essentielle pour s’attaquer aux causes profondes des conflits, encourageant même la mobilisation communautaire et l’adoption de solutions plus durables.

C’est pourquoi dit-il : « un partage plus équitable des responsabilités entre femmes et hommes permettra non seulement, d’améliorer la qualité de vie des femmes, mais leur donnera aussi, l’occasion de participer au développement national. De plus elles sont plus de 52% de la population, donc leurs participations effectives aux instances de prises de décision, peut aider à mieux murir les réflexions stratégiques, mais également, la prise en compte de leurs besoins spécifiques au cours de cette transition. Aussi, avec ce projet d’une grande pertinence du point de vue socioéconomique, j’ai la conviction que notre marche vers l’atteinte de nos objectifs sera réussie » lance-t-il, avant d’inviter les partenaires au développement de CRS notamment : le système des Nations Unies, les ambassades, l’Union Européenne, de continuer à soutenir les initiatives de la Guinée dans le cadre de la consolidation de la paix pour une Guinée rassemblée et refondée. « Je termine mes propos en remerciant une fois de plus, au nom de Monsieur le président de la République, le colonel Mamadi Doumbouya et son excellence Docteur Bernard Goumou, Premier ministre, chef du Gouvernement et en mon nom personnel, l’USAID dont les appuis techniques et financiers contribuent de façon significative, à l’autonomisation des femmes et des filles ».

A CRS Guinée, OCPH-Caritas et WANEP Guinée «je salue votre engagement et vos immenses contributions dans l’édification d’une Guinée Unie et prospère à travers la place importante accordée à la dimension genre dans le processus de consolidation de paix. C’est sur cette note d’espoir, que je lance officiellement les activités du projet Wakili-Femme et Engagement » a lancé M. Yassy Roger Klonon.

Kadiatou Diallo