Depuis le 24 novembre, les ondes de FIM FM, Djoma FM (le lendemain), ainsi que celles de Faso Fm et de Milo Fm sont brouillées. La connexion aux réseaux sociaux est aussi restreinte, sans aucune explication officielle.       

Avec le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), la promotion des droits et des libertés ne prospère pas. Le droit à manifester sur la voie publique est le premier sacrifié par la junte depuis mai 2022. La liberté de la presse fait l’objet de restrictions depuis plus d’un an.

Le 24 novembre, la radio FIM FM a constaté le brouillage « systématique » de son antenne.  « Le nouveau brouillage a eu pour conséquence l’interruption de diffusion des programmes de Fim Fm, sur le bouquet Canal+ 541. Comme lors du brouillage du 4 novembre, suite à l’attaque de la Maison centrale de Conakry, c’est de la musique en hommage aux forces de défense qui est diffusée par moments sur notre fréquence 95.3 », indique la Direction générale de la radio, dans un communiqué. C’est-dire que le média ne contrôle plus le contenu diffusé sur ses ondes. L’administration de FIM FM condamne, « avec la dernière énergie, pour la énième fois, cette situation illégale et arbitraire devenant insupportable. Nous dégageons toute responsabilité dans la diffusion éventuelle, de tout contenu n’émanant pas de nos programmes régulièrement mis en ligne par nos services techniques sur nos différents canaux habituels. »

Aboubacar Condé, le Directeur de l’information du groupe Djoma Média, indique que les brouillages de sa radio ont commencé le dimanche 26 novembre, aux environs de 21 heures. « J’ai remarqué que les voix passaient sous forme hachée, c’est-à-dire dans une phrase vous pouvez capter deux ou trois mots et la suite vous ne pouvez pas. J’imaginais que c’est le courant qui était parti de l’émetteur. Mais, j’ai constaté la même chose sur la fréquence de FIM FM. Or, j’ai trouvé que l’animation était nickel sur les autres radios. »

Vers une désobéissance civile

Aboubacar Camara, le président de l’Union des radios et télévisions libres de Guinée (Urtelgui) : « Nous avons tiré la sonnette d’alarme pour interpeller les gouvernants. Ce qui est en train de se passer n’est pas normal, nous ne pouvons l’accepter. Ce qui se passe est  l’œuvre de l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT), nous le savons. Et quand on dit ARPT, il y a le ministère des Postes, Télécommunications et de l’Economie numérique », dirigé par Ousmane Gaoual Diallo, également ministre porte-parole du Gouverneùent. Le Président de l’Urtelgui renchérit qu’on ne peut écraser la presse, encore moins la museler. « Si rien n’est fait à partir de demain (28 novembre, Ndlr), nous allons observer une désobéissance civile des médias. Il y aura, dans toutes les émissions, des éléments en charge contre les autorités et cela en crescendo, jusqu’au rétablissement des ondes. »

« Sabotage »

Le 27 novembre, Cellou Dalein Diallo, le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg), a réagi : « Je tiens à exprimer tout mon soutien et ma solidarité avec les groupes FIM FM et Djoma dont les émissions font l’objet de sabotages par les autorités. Ces pratiques récurrentes, commanditées par le pouvoir, ne visent qu’à museler la presse et à faire taire toutes les voix dissonantes en violation des lois de la République et les engagements internationaux de notre pays. J’encourage les organisations professionnelles, le Syndicat professionnel de la presse de Guinée et tous les journalistes à se mobiliser pour défendre la liberté de la presse et le plein exercice de leur noble métier. »

Le gouvernement n’a fait aucune déclaration sur le brouillage des ondes de FIM FM et de Djoma FM encore moins la restriction des réseaux sociaux depuis vendredi 24 novembre, dans la soirée.  

Yaya Doumbouya