Les 14 et 15 novembre, au siège du Centre d’excellence d’Afrique pour la prévention et le contrôle des maladies transmissibles (CEA-PCMT) de l’Université de Conakry, un atelier de restitution a été organisé à l’intention d’une trentaine d’acteurs impliqués dans la mise en œuvre du plan d’introduction de la vaccination contre la Méningite à Méningocoque A (MenA) dans la vaccination de routine en Guinée.

Cette évaluation indépendante, réalisée par le Bureau d’Etude Guinéen Africa Health Consulting, s’est penchée sur toutes les composantes du PEV, y compris les aspects de gouvernance, de financement et de prestation sécurisée des services. Cette étude permis d’identifier les forces et les faiblesses du PEV dans la mise en œuvre de la stratégie de vaccination MenA et de proposer des recommandations pour améliorer la couverture vaccination de tous les antigènes, en particulier pour les enfants et les femmes enceintes. Selon Docteur Gnouma Nestor Léno, responsable de la section Suivi et évaluation du PEV, les données collectées « montrent ((que beaucoup d’enfants ne sont pas vaccinés en Guinée. Sur la base des orientations mondiales, il est important d’élaborer une nouvelle stratégie qui va prendre en compte toutes les insuffisances actuelles du PEV afin que la couverture vaccinale soit optimale ».

Les résultats de l’évaluation varient en fonction des composantes du PEV. Mais dans la majorité des cas, il reste encore du chemin à parcourir. Dans la composante Prestation de service, les études montrent que les défis d’employabilité et de motivation des ressources humaines en santé en zones rurales et éloignées entravent l’offre des services de vaccination. En effet, le fonctionnement des services de santé en zones rurales et éloignées repose essentiellement sur le personnel « bénévoles ». « Cette situation couplée à leur faible motivation ne permet pas la mise en œuvre effective des politiques de gratuité, y compris de la vaccination des enfants » explique Dr Delphin Kolié .

Mr Youssouf Fodé Camara, représentant du Centre d’excellence d’Afrique pour la prévention et le contrôle des maladies transmissibles, salue l’impact positif d’une telle initiative : « Cet atelier revêt une importance capitale en ce qui concerne la vaccination en Guinée. Le Programme élargi de vaccination est confronté à certaines difficultés.

Dr Gassim Cissé, Coordinateur national du Programme élargi de vaccination

La Guinée fait actuellement partie des pays à plus faible taux de vaccination avec moins d’un enfant vacciné sur deux, c’est-à-dire moins de 50% d’enfants vaccinés. Cela s’expliquerait par la réticence des parents, les ruptures fréquentes de produits vaccinaux dans les services de santé, les difficultés d’accès à certaines structures de santé et l’insuffisance de personnels de santé qualifiés et motivés en zones rurales. Au ministère de la Santé, on cherche à relancer le Programme élargi de vaccination. Pour Dr Gassim Cissé, Coordinateur national du Programme élargi de vaccination : « Il est important de faire des réformes. Si on veut rehausser la couverture vaccinale, il faudra connaître le mode de fonctionnement du programme. C’est dans cette appréciation que cette étude a été menée. Elle permettra d’avoir des informations sur le PEV. Aujourd’hui, le plan pluriannuel est caduc, il n’y a pas de document stratégique valide. Nous sommes en train de revoir le cadre organique pour faire face à nos ambitions ». Il fonde l’espoir que la rencontre permettra de mieux « apprécier notre environnement, le fonctionnement du PEV et apporter des solutions. La restitution de cette étude vient à point nommé dans la mesure où les données seront prises en compte pour définir les principaux piliers de la nouvelle stratégie nationale de vaccination ».

La journée du 14 novembre a été consacrée essentiellement à la méthodologie (quantitative, qualitative), utilisée pour aboutir à ces résultats, à la revue documentaire, aux outils et différentes dimensions ou composantes de l’évaluation. Les discussions ont aussi porté sur l’impact de la pandémie du Covid-19 et des leçons apprises de l’introduction de nouveaux vaccins (MenA et VAR2) dans le PEV de routine. Il est important de prendre en compte les données de ces études pour changer les politiques et pratiques au sein du PEV, explique Professeur Alexandre Delamou Directeur du CEA-PCMT de l’Université de Conakry.

Une évaluation de l’introduction du vaccin MenA administré contre la méningite a été la principale activité du mercredi 15 novembre. Là également, les statistiques ne sont pas totalement reluisantes, mais des recommandations ont été formulées pour orienter l’élaboration du futur plan stratégique de vaccination.  Ce sont notamment l’extension des points de vaccination publics et privés, la disponibilité en agents de santé et l’adéquation entre la charge de travail et la vaccination à tous les niveaux, la priorisation du recrutement à la fonction publique des bénévoles de structures de santé en zones rurales, la mise en œuvre de l’initiative d’indépendance vaccinale, l’amélioration de l’offre du service de vaccination, la mise en place d’un mécanisme de collaboration et de synergie pour la capitalisation des interventions des ONG et des médias évoluant dans le cadre de la vaccination…

Ces recommandations seront utilisées pour élaborer une nouvelle stratégie pour la période 2024-2028. Toute chose qui pourrait améliorer la couverture vaccinale en Guinée.

Yacine Diallo