Les vendeurs de médicaments ‘’illicites’’ étaient de nouveau devant la Chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières, le 14 décembre. Le mystère public a requis la condamnation.

Pendant leur déposition, des dix prévenus, la majorité a reconnu avoir fait partie des vendeurs de produits pharmaceutiques au marché Madina sans en avoir l’autorisation. Ils ont fait amende honorable et demandé clémence à la Cour. Mais cet appel n’est pas tombé dans les oreilles du parquet et de la partie civile. Ceux-ci ont demandé au juge, Françis Kova Zoumanigui, de leur infliger la plus lourde des peines, surtout pour ceux qui ont pris le risque de nier les faits à la barre : « Certains, bien qu’ayant reconnu les faits à l’enquête préliminaire, devant le procureur, ont tenté de les nier à cette barre. Il a fallu un interrogatoire minutieux, intelligent pour qu’ils finissent par reconnaître les faits. Nous espérons que la main du procureur sera lourde pour que nous soyons en bonne santé », s’exclame Me Faya Gabriel Kamano, avocat de l’Etat. Dans sa plaidoirie, il demande à la Cour de condamner chacun des prévenus au paiement de trois milliards de francs glissants pour les dommages causés. Il demande aussi qu’on leur interdise de mettre pied au marché Madina.

Sans sourciller, le substitut du pro-crieur, Moustapha Mariam Diallo, requiert une peine de trois ans pour chacun des prévenus. Ceci, dit-il, parce qu’ils « ont usurpé la fonction de pharmacien pour vendre des produits pharmaceutiques. Ils ne remplissent aucune condition pour exercer la profession de pharmacien. Nous estimons que ces faits sont établis à leur égard ». Il requiert aussi la confiscation et l’incinération des produits pharmaceutiques saisis.  

La défense, elle, demande à la Cour de tenir compte des familles des prévenus : « Le parquet a sorti un char de combat contre une mouche. Tous ou presque ont des enfants à leur charge. Pendant le temps qu’ils sont privés de liberté, qui s’occupe de ces enfants ? Ne suivez pas le parquet ». Pour 4 des 10 prévenus, Me Salifou Béavogui demande un renvoi des fin de la poursuite : « Ils ne sont pas vendeurs de médicaments ». Les dix prévenus seront fixés sur leur sort le 28 décembre.

Ces commerçants ont été interpellés au marché Madina, fin novembre dernier, la plupart devant leurs boutiques de médicaments, avant d’être déposés au Haut-commandement de la Gendarmerie, puis à l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie. Ils répondent des chefs d’inculpation « d’atteinte à la santé publique, usurpation de fonction, d’exercice illégale de la profession de pharmacien et enrichissement illicite ».

Yacine Diallo