Alors que les Guinéens pleurent encore leurs morts suite à l’incendie qui a frappé le principal dépôt de carburant de Coronthie dans la commune de Kaloum, dans la nuit du 18 décembre, vendeurs de produits pétroliers dans le marché noir et chauffeurs de taxi (motos et véhicules) font la fête sur les citoyens.

Conakry a encore du mal à se relever du drame humain et matériel que l’incendie du 18 décembre a engendré. Officiellement, les autorités de la transition parlent de 14 morts, près de 200 blessés et des dégâts considérables. Le CNRD a également demandé aux travailleurs des secteurs public et privé de rester à la maison et aux patrons des essenceries de fermer, « jusqu’à nouvel ordre ». Cette dernière mesure risque de coûter cher. Depuis lundi matin, les spéculations vont bon train. Un litre d’essence habituellement vendu à 12 000 francs guinéens se négocie désormais sur le marché noir jusqu’à 50 000 francs guinéens. Le bidon de 20 litres est passé de moins de 250 000 à près de 600 000 francs guinéens.

Les usagers de la route paient les frais de cette spéculation. Le 19 décembre, les chauffeurs font passer automatiquement le tronçon qui était jusque-là à 2 000 francs guinéens à  3 000 voire plus, sans sourciller : « Nous ne le faisons pas par méchanceté, mais par crainte. Hier soir pour avoir de l’essence, il m’a fallu payer 40 000 francs guinéens à l’intermédiaire d’abord. Celui-ci m’a, par la suite, livré au vendeur clandestin. Comment voulez-vous qu’on s’en sorte si on n’augmente pas le prix ? », explique un chauffeur. Il prédit des lendemains sombres si les stations-services ne rouvrent pas rapidement : « Ceux qui circulent aujourd’hui avaient, soit du réserve soit ils ont acheté le carburant à prix d’or. Mais quand tout cela va finir, que deviendrait Conakry ? Il faut que les autorités se bougent». Pendant ce temps, chez les conducteurs des tricycles sur la Corniche nord, c’est pire. Le tronçon passe de 2 500 francs guinéens à 5 000. C’est la loi du marché et…du plus fort, au grand dam des usagers de la route. 

Yacine Diallo