Confrontée à la Guinée Equatoriale en 8ème de finale de la CAN-2023, le dimanche 28 janvier en Côte d’Ivoire, la Guinée s’est imposée dans les dernières minutes. Le Syli national s’est qualifié pour les quarts de finale. Victorieuse d’un match à élimination directe pour la première fois de l’histoire de la CAN, la Guinée a vécu une soirée forte en émotion et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

Une qualification historique pour le Syli national. Jamais la Guinée n’avait atteint les quarts de finale de la CAN depuis 2015. Grâce à une tête bien piquée de Mohamed Bayo servi par Ibrahim Diakité, les Guinéens ont vaincu le signe indien. Ils ont joué en supériorité numérique à compter de la 55e minute après l’expulsion de Federico Bikoro. Ils se sont vus refuser un but sur hors-jeu à la 52e mn, les Equato-guinéens, eux, ont raté un penalty à la 69e. Dans un mano à mano intense, le Syli parvient à s’imposer en toute fin de match contre le Nzalang nacional (1-0). Pour les quarts de finale, les Guinéens affronteront la République démocratique du Congo au stade Alassane Ouattara d’Ebimpé d’Abidjan.

Kaba Diawara en larmes

Joueurs, entraîneur ou supporters, cette rencontre sera classée dans la catégorie de celles que l’on n’oubliera pas de sitôt. Kaba Diawara, sous l’émotion, a fondu en larmes sur le bord du terrain. Fier et particulièrement ému, le technicien prend la mesure de l’exploit réalisé. « Si on peut prendre la coupe, on va la prendre. Même si la manière n’est pas belle, même si c’est à la dernière minute, on s’en fiche. Je l’avais dit, ce match, il ne fallait pas le jouer, il fallait le gagner et c’est ce qu’on a fait. J’ai reçu beaucoup de critiques, mais je savais qu’il y avait de la qualité dans cette équipe », a lancé Kaba Diawara en conférence de presse d’après match. Conscient des défis qui l’attendent pour y arriver, Kaba tourne la tête vers la suite de l’aventure. « On n’a pas d’objectif, on vient pour aller le plus loin possible. Peu importe l’adversaire, nous, nous savons que le match c’est vendredi. On n’a pas de limites…»

Chez les joueurs, la liesse était également de taille. Ils ont fait la fête avec les supporters venus en nombre au stade. La polémique et la grève des joueurs autour des primes de qualification non versées sont déjà dans les oubliettes. Pour le passeur décisif et homme du match, Ibrahim Diakité, « c’est incroyable. Cette victoire est historique, on la dédie au peuple qui a énormément souffert ces derniers temps ». Il a invité les Guinéens à célébrer cette victoire avec retenue, pour éviter les débordements qui ont coûté la vie à plusieurs personnes à Conakry, après la victoire contre la Gambie au premier tour.

L’attaquant Serhou Guirassy garde la tête froide. Dans les couloirs du stade, il dit être conscient que le plus dur reste à venir. « Cela fait plaisir de gagner, mais on n’a encore rien accompli de grandiose, a prévenu. Quand on sera au dernier carré, on pourra parler de grande performance. Il faut rester lucide et profiter, mais on est des compétiteurs et on ne veut pas s’arrêter là ».

Le Syli flatté

A la fin du match, les messages de félicitations à l’endroit du Syli ont inondé la toile. Gouvernement, acteurs politiques, amateurs du football, tous ont rendu hommage à l’équipe pour l’exploit. Le président de la transition, Général Mamadi Doumbouya, a félicité l’équipe pour « cette exceptionnelle victoire contre la Guinée Équatoriale… Vous avez honoré la Guinée et fait résonner notre hymne national avec une détermination exemplaire. Vifs remerciements à l’entraîneur Kaba Diawara et à son staff d’encadrement. Célébrons cette victoire avec responsabilité, conscience et respect. Notre unité est notre force, et cette réussite est le fruit de notre engagement collectif en tant que nation… »

Présent au stade, Cellou Dalein Diallo, le président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée, UFDG, était « heureux d’assister à la victoire du Syli national sur l’équipe de Guinée Équatoriale. » Il a félicité et encouragé l’équipe, l’encadrement et le peuple de Guinée. De la Turquie, l’ancien président, Alpha Condé est convaincu. « Malgré de nombreuses difficultés rencontrées par notre équipe nationale pour le paiement des primes de participation, le Syli national vient d’honorer notre pays par sa qualification pour les quarts de finale de la Coupe d’Afrique des nations… » Il a félicité toute l’équipe pour la victoire « qui offre à notre pays et à notre population, un sentiment de grande fierté et un réconfort… Ce nouvel acte de bravoure, va renforcer notre foi en une prochaine victoire qui symbolisera notre cohésion et unité nationale… Je demande une mobilisation constante autour de notre Syli national et je reste persuadé qu’en cette année 2024, ce succès sera celui de tous ceux qui œuvrent au quotidien, pour redonner à la Guinée, sa grandeur et la totale confiance en son destin. »

« Footballeurs soldats »

Sur X (anciennement Twitter), Lansana Béa Diallo, ministre de la Jeunesse et des Sports, a écrit : « Un immense merci aux supporters qui ont été une source inépuisable d’encouragements. Votre énergie a transcendé le stade et a inspiré nos joueurs à atteindre de nouveaux sommets. Cette qualification en phase d’élimination directe au-delà des huitièmes de finale, une première depuis 1976, soit 48 ans aujourd’hui, est tout simplement extraordinaire. Vous avez réalisé un exploit mémorable qui restera gravé dans l’histoire du football guinéen. Continuez sur cette lancée, car le peuple compte sur vous. Vous êtes les meilleurs, et nous croyons en votre détermination et votre talent pour nous mener encore plus loin… »

Dans un communiqué, le tout nouveau président de la Fédération guinéenne de football, Bouba Sampil fait mention de « footballeurs soldats », rappelant les propos du Général de la transition lors de la remise du tricolore national à l’équipe. « Le Syli a, dans son esprit et sa conscience, l’exigence de la victoire et l’engagement patriotique prônés par son capitaine qui œuvre dans tous les domaines pour une Guinée qui gagne… Tous unis derrière le Syli, rien ne sera impossible. Un Général gagne avec ses troupes en se mettant toujours devant elles. »

Les futurs adversaires du Syli sont prévenus, la Guinée ne compte pas se contenter de cette qualification historique. « C’est ce genre de match là qu’on aime jouer. Nous, on n’est pas rassasiés. On est venu à la CAN pour jouer sept finales. On a déjà joué quatre déjà, il en reste trois », a affirmé le gardien de but du Syli, Ibrahim Koné. La prochaine « finale » des hommes de Kaba Diawara sera contre la RD Congo, vainqueur de l’Égypte aux tirs au but. Le match aura lieu vendredi 2 février prochain, à 20 heures, pour une place en demi-finale.

Abdoulaye Bah