Le mandat des exécutifs communaux est caduc. Le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation s’apprête à les remplacer. Un second coup d’État, selon l’UFDG.

Après l’annonce de la mise en place des délégations spéciales avant la fin du premier trimestre 2024 faite par le Président de la transition, son ministre de l’Administration du territoire, Mory Condé, ne perd pas de temps. Sa note technique adressée aux administrateurs territoriaux, leur intimant de lui faire parvenir au plus tard vendredi 25 janvier, la liste de ceux qui doivent composer les différentes délégations spéciales, a fuité. Depuis, les critiques fusent de partout, notamment au sein des QG des partis politiques. Bien d’entre eux voient en la démarche du CNRD une façon d’accaparer les exécutifs communaux.

A l’Assemblée générale de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée, UFDG, le 27 janvier, Cellou Ta-Baldé, coordinateur des fédérations du parti à l’intérieur du pays, est allé plus loin. Il accuse les autorités de la transition de vouloir se défaire tout bonnement de la décentralisation : « C’est un second coup d’Etat qui est en train d’être perpétré par le CNRD. Le principe fondamental de la décentralisation, c’est la libre administration des collectivités. Si on enlève cette libre administration, la décentralisation n’a plus sa raison d’être, les collectivités locales n’ont plus leur raison d’être, l’élection des maires n’a plus d’importance… On ne peut pas nommer un maire ou un conseiller d’une collectivité locale. C’est une infamie de plus qu’on ne peut et ne doit pas accepter ».

L’ancien dépité uninominal de Labé jure que rien ne permet à la junte militaire de dissoudre une collectivité pour y installer une délégation spéciale : « L’article 80 du Code des collectivités locales dit que pour dissoudre une collectivité locale, il faut que le 1/3 des membres soit reconnu coupable de délit ou de crime par un tribunal. Les autorités de la transition ne brandissent aucune décision de justice. C’est une perche qu’ils utilisent pour enlever les élus locaux et mettre des types qui leur obéissent à la lettre. Ceux qui ont été élus en 2018 restent et demeurent les seuls représentants légitimes et légaux du peuple de Guinée. Nous ne reconnaissons qu’eux », clame Cellou Ta-Baldé.

Le Coordinateur des fédérations de l’UFDG à l’intérieur du pays soupçonne les autorités de la transition de viser les ressources des collectivités : « L’autre volonté, c’est faire main basse sur les ressources des collectivités locales. Les comptes des communes sont gelés, mais les 15% du Fonds de développement local tombent, les 15% des revenus miniers tombent. Où va tout cet argent ? Après avoir partagé des milliards au sommet de l’Etat, ils veulent faire main basse sur les maigres ressources des collectivités… Le CRND doit comprendre que trop, c’est trop, nous ne sommes pas dupes ».

Yacine Diallo