Le 22 janvier, Alphonse Charles Wright a annoncé l’envoi de lanceurs d’alerte dans les juridictions du pays. Le Garde des Sceaux veut les utiliser pour « mettre fin aux pratiques de corruption » au sein de l’appareil judiciaire.

Après l’évasion spectaculaire de Moussa Dadis Camara et Cie le 4 novembre dernier, le ministre de la Justice se faisait de plus en plus rare. Alphonse Charles Wright décide de reprendre ses shows. Il se lance dans une mission d’inspection des Cours et Tribunaux, après le vaste remaniement intervenu dans le secteur la semaine dernière. A l’issue d’une randonnée dans les juridictions de Conakry, le ministre de la Justice dit avoir relevé assez de manquements. Alphonse Charles Wright s’élève contre la lenteur dans la gestion des procédures judiciaires : « Il y a des magistrats et greffiers qui abandonnent leurs postes et voyagent sans justification. Ils le font souvent alors que des dossiers dorment dans les tiroirs de la justice ».

Le ministre s’insurge aussi contre le fait que les magistrats se serviraient de leurs propres téléphones pour entrer en contact avec des citoyens bénéficiant de décisions de justice. Un système de corruption bien huilé ? Charles Wright en est convaincu : « Un citoyen qui a obtenu une décision de justice ne doit débourser aucun franc pour la signature d’une réquisition… Les magistrats utilisent leurs téléphones personnels pour contacter les justiciables. Cela devient une source fertile de corruption. La corruption au sein du milieu judiciaire est bien tissée. Personne ne dira qu’elle se rend coupable de corruption, mais cela se fait et ça laisse à désirer ». Il annonce un annuaire téléphonique dans les services de greffes et de parquets.

Le Garde des Sceaux, pour arriver à bout du fléau, annonce le déploiement dans les Cours et Tribunaux de lanceurs d’alerte. Ceux-ci seront, selon lui, chargés de remonter les basses pratiques et les plaintes des justiciables : « On va envoyer des lanceurs d’alerte sur toute l’étendue du territoire. Ils n’y seront pas pour accuser ou espionner quelqu’un, mais pour remonter au département les dysfonctionnements dans les juridictions, notamment les cas de corruption afin que nous puissions prendre des dispositions. Par la suite, une équipe d’inspection va faire la vérification. Si l’acte est établi, nous prendrons nos responsabilités », a-t-il indiqué. Pourvu qu’une telle décision n’instaure pas un climat de méfiance entre travailleurs.

Yacine Diallo