Aussitôt gratifié par ses pairs du grade de général de corps d’armée, le tombeur du pro-fossoyeur s’est envolé pour Kigali au Rwanda. Laissant derrière lui une grogne généralisée. Une colère consécutive au délestage d’électricité, à la coupure d’internet mais aussi au musèlement de la presse. Ce qui fait dire à un patron de presse que le sauveur est devenu l’oppresseur. Allant jusqu’à comparer la Guinée à la Birmanie.

Dans ce contexte, que le président de la Transition quitte son pays pour le Rwanda n’est pas de nature à rassurer un peuple confronté à des restrictions et des privations tous azimuts. Les Guinéens se rappellent l’adage : Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es. Notre président fréquente un homme peu fréquentable aux yeux des défenseurs des droits de l’homme.

Les privations et les violations des droits élémentaires des citoyens, auxquels s’ajoutent l’amitié et la bienveillance du président de la Transition pour des chefs totalitaires font craindre un retour en arrière. A l’occasion de la montée en grade de Mamadi Doumbouya, un petit commentaire de la RTG n’est pas passé inaperçu. Selon le commentateur de la télévision nationale, le président de la Transition, par modestie, ne voulait pas monter en grade. Il a fallu d’intenses tractations pour que la hiérarchie parvienne à le convaincre d’accepter la promotion.

Osons dire que les mêmes qui sont parvenus à « l’obliger aujourd’hui de monter en grade pourraient l’obliger demain à se présenter à une élection. Ce genre de discours est le propre des dictateurs : « Ce n’est pas moi, c’est le peuple qui va décider ou c’est lui qui a décidé ».  D’autant plus qu’à N’Djamena, qui avait donné le ton dans les successions anticonstitutionnelles, le président de la transition devient le candidat naturel du parti de son père.

A partir du moment où la France et la Communauté Economique de l’Afrique Centrale avaient permis une succession anticonstitutionnelle à N’Djamena, ils avaient ouvert la boîte à pandore des coups d’Etat. La même France et la CEDEAO pouvaient difficilement empêcher ce qui s’est passé après à Bamako, Ouagadougou, Niamey et Conakry. En cautionnant la succession d’Idriss Deby Itno par son fils, au nom de la lutte contre le terrorisme et la stabilité sous régionale, en violation de la constitution tchadienne, l’Elysée avait rendu un mauvais service à la démocratie naissante sur le continent.

Autant cette succession anticonstitutionnelle avait fait tache d’huile, autant la candidature de Mahamet Idriss Deby à la présidentielle pourrait faire boule de neige dans les autres pays. Les projets et programmes des putschistes s’inscrivent dorénavant dans la durée. Ils savent que la pilule ne peut passer que par la violation des droits des citoyens et l’intimidation.

Au Burkina Faso, le procédé consiste à kidnapper les voix dissonantes et à les envoyer de force sur le front. Au Mali la libération de l’ensemble du territoire est la priorité. Quant au Niger, c’est la survie de la population confrontée aux effets des sanctions de la CEDEAO qui préoccupe le bas peuple. En Guinée, il n’y a heureusement pas de problèmes particuliers, il fallait en créer. D’où la restriction d’internet, le brouillage des ondes, l’emprisonnement de journalistes. La liste n’est pas exhaustive.

Habib Yembering Diallo