Le 29 janvier 2016, à l’aube, Jean-Marie Doré, Président de l’Union pour le Progrès de la Guinée (UPG), ancien Premier ministre est décédé à son domicile de Donka, à la suite de maladie. Le point d’orge des obsèques qui lui ont été rendues est le symposium organisé par le gouvernement au Palais du Peuple, pour lui rendre un ultime et fervent hommage national. Cette cérémonie, au cours de laquelle nombreux témoignages ont été adressés à l’illustre disparu, est suivie, deux jours plus tard, par le transport de la dépouille mortelle dans un avion affrété par la Présidence de la République, à N’Zérékoré d’où elle est acheminée pour l’inhumation, dans son village natal Bossou, dans la Préfecture de Lola.

Né le 2 juin 1939, dans une famille de Chefs traditionnels, le jeune Gbla Doré a fréquenté l’école publique régionale de Nzérékoré, avant d’être admis au collège moderne de Conakry, puis au collège Catholique de Daloa (Côte D’Ivoire). Plus tard, après avoir assumé la fonction d’Inspecteur du travail, il rejoint le Bureau International du Travail (BIT) à Genève, en qualité de Fonctionnaire international. Jean-Marie Doré ne quittera ce poste qu’à la fin des années 80, pour prendre activement part à la renaissance démocratique de la Guinée en créant, en 1992, un parti politique, l’UPG, dont il sera le candidat à plusieurs élections présidentielle, législatives et communales. En 2010, sous la Transition versus Général Sékouba Konaté, les Forces Vives de Guinée, rassemblement de toute l’opposition, politico-sociale, l’imposent comme Premier ministre. A ce titre, il organisera dans des conditions compliquées, l’élection Présidentielle consacrant le retour à l’ordre constitutionnel.

Avec la disparition de Jean-Marie Doré Soumahoro, c’est un géant de la politique guinéenne des 30 dernières années qui s’en est allé. Pour être tonitruant, sarcastique et incisif, l’homme l’était. Il avait la réplique mordante qui ne manquait jamais sa cible. Chahuteur, boute-en-train inlassable, JMD, était à n’en pas douter, le seul leader politique capable d’aller au siège des autres partis, égayer des responsables en pleine réunion, car il ne percevait pas le combat politique comme une guerre mais comme une adversité.

Les invectives de campagnes électorales ne devraient pas dégénérer en vulgaires injures personnelles. Il abhorrait la politique des égouts. Il raillait par moments ses adversaires. Par exemple, lorsqu’en 1993, lors de la campagne présidentielle, Siradiou Diallo, leader du Parti du Renouveau et du Progrès, PRP, affréta un avion pour ses tournées, Jean-Marie Doré le moqua par cette réplique géniale et cinglante : « Si certains, en avion, survolent vos problèmes, moi je viens par la route les constater et les vivre avec vous. »

 On l’aimait aussi pour sa vaste culture dans laquelle il puisait ses répliques redoutées de ses adversaires. Sa mort aura privé le pays d’un homme d’État expérimenté qui faisait de la convivialité, l’épine dorsale de ses relations avec les acteurs sociaux et politiques aussi bien de la majorité que de l’opposition.

Abraham Kayoko Doré