L’expérience est train de prouver que ceux parmi nous que la psychologie considère dans la catégorie d’inquiets perpétuels ont bien leur place dans la Guinée de 2024. Être optimiste ? Rien de tel. Surtout si les limites sont raisonnables. Mais pour le moment, de quelque côté que l’on se tourne, « le mal est infini. »

 Grâce à ses moyens de communication modèles, modernes, hauts en couleurs, le présent vient de me propulser vers un passé grimaçant, un présent douteux, un avenir sombre. Par malheur, la propulsion aura été de mauvais goût, à mon corps défendant. Le journal télé-vicié du 2 janvier a montré aux Guinéens, probablement par excès de conviction, que des bonnes âmes ont bel et bien comploté contre le Président de la Transition, chef de l’État, Chef suprême des Armées, le Colonel Mamadi Doumbouya. Qui, lui, se consacrait entièrement à bitumer nos routes, à construire nos ponts. Ce qui est nettement plus pertinent que de rédiger des constitutions ou organiser des élections libres et transparentes dans un pays aussi opaque que la Guinée.

Naturellement, j’étais sur le point de me demander pourquoi notre Histoire ne renonce pas à la répétition, à la connerie, à l’absurdité, à la surdité, à la cécité. La 5è colonne et ses suppôts avaient empêché le Responsable Suprême de la Révolution, Fidèle Serviteur du Peuple, le Président Ahmed Sékou, de servir fidèlement le peuple. Les 27 infernales années de la Révolution globale et multiforme se sont effondrées juste après la disparition du camarade révolutionnaire. « Œuvres de tant de jours en un jour effacées. »

N’eût été la pertinence du porte-parole du Gouvernement, le ministre Ousmane Gaoual Diallo, plus d’un Guinéen lambda aurait succombé dans la généralisation hâtive. Mais quand il précise qu’il « y a bel et bien eu complot…écrasé dans l’œuf » on est rassuré.  Le CNRD est bien différent du PDG. Le complot leur est commun. Le CNRD l’écrase dans l’œuf. Le PDG pulvérise tout le poulailler. La différence semble ténue, mais elle est là, palpable.

Pour ce qui est du présent, il faut forcément braver la réalité pour envier les imperturbables caciques du système. De plus, entre la COP 28 de Dubaï et la Cop 29 d’Azerbaïdjan, le monde déploie d’énormes efforts pour sécuriser l’énergie renouvelable. Nous, Guinéens, avons réussi l’exploit de manquer cruellement d’énergie…fossile, pourtant condamnée à terme par le reste de la planète. Un acte maléfique, l’explosion du dépôt d’hydrocarbures de Kaloum nous prive de car-brûlant. Nous écartons d’office la piste de l’attentat. De quel droit ? Pour quelle raison ? Personne n’explique. Personne ne s’explique. Que pèse l’opinion publique guinéenne dans la gestion de nos affaires publiques ? Presque rien, peut-on répondre d’autorité. Si le Guinéen bénéficiait du minimum de respect de la part de ses dirigeants, aucun ministre aux idées saugrenues n’oserait revenir sur la liberté d’expression arrachée de haute lutte aux divers pouvoirs kaki qui se sont partagé ce pays. La charte de la Transition est-elle compatible avec le brouillage volontaire des ondes ou la restriction des réseaux sociaux à coût d’espèces sonnantes et trébuchantes ? Le budget de l’État manquerait-il à ce point de chapitres innovants ?

 Le 5 septembre 2021, colonel Mamadi Doumbouya et ses hommes ont dégainé les premiers pour sauver la démocratie moribonde d’un bizarre sorbonnard.

Quelque deux ans plus tard, ils n’ont de choix que celui de se lever pour le holà salvateur. A moins que la Guinée ne soit un pays dans lequel « le passé des uns est l’avenir des autres. » C’est exactement ce que craignait le Professeur Ki-Zerbo.

Diallo Souleymane