Le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) appelle à une série de manifestations générales dans le Grand-Conakry, à partir du 18 janvier. Il va riposter au bâillonnement de la presse et à la restriction de l’accès à l’internet.

Dans un « plan de riposte renforcé », le SPPG, fer de lance de la lutte contre les atteintes à la liberté de la presse sous la junte, entend relancer la riposte, après une pause d’observation de trois semaines. L’ultimatum accordé aux autorités à l’effet de libérer les ondes brouillées a échu le 7 janvier. Le gouvernement serre la vis davantage à la presse, allant jusqu’à obliger FIM Fm à revoir sa grille de programmes.

Au sortir d’une plénière spéciale, le 7 janvier, le SPPG constate que « les ennemis de la presse  n’ont pas pris conscience de la gravité de leur acte et ses lourdes conséquences sur la vie des Guinéens pour qui ils n’ont aucun respect ni pitié.» Le Premier ministre, Bernard Goumou, le ministre des Télécommunications, Ousmane Gaoual Diallo, le directeur de l’Autorité de régulation des postes et télécommunications, Mamady Doumbouya, déclarés « ennemis de la presse », considérés par le SPPG responsables du bâillonnement de la presse et de la restriction de l’internet.  

« Au lieu de libérer les radios et télés, les autorités essayent d’obliger l’ensemble des médias à changer de lignes éditoriales en interdisant toutes émissions politiques et interactives dans leurs grilles des programmes », s’offusque le SPPG, dans sa déclaration. FIM Fm a été brouillée le 24 novembre 2023. Son retour sur les ondes est conditionné à la redéfinition d’une nouvelle grille des programmes. Par exemple, Mirador, l’émission phare de la radio ne figure pas sur la nouvelle grille. Tous les autres programmes politiques de FIM FM sont supprimés. Désormais, la radio ne traitera que culture, sport, santé, éducation, environnement, économie, entre autres.

À ce jour, nombreuses fréquences restent brouillées, des télés retirées des bouquets Canal+ et StarTimes. «Un VPN permettant à des Guinéens de se connecter aux réseaux sociaux n’est plus gratuit dans notre pays devenu une prison à ciel ouvert », dénonce le SPPG. Qui exhorte le peuple « à la résistance contre ceux qui veulent continuer à voler les deniers publics sans qu’aucun journaliste ou média indépendant ne puisse enquêter.»

« Déferlement humain sur Conakry »

« Minutieusement préparée, l’opération dénommée ‘’déferlement humain sur Conakry’’ est soutenue par beaucoup de structures et staffs de jeunes ». Le 18 janvier, les habitants de Conakry, Coyah et Dubréka sont invités à se rassembler « massivement » aux grands ronds-points et carrefours, afin de protester contre le musèlement de la presse et la restriction de l’accès à internet. Messages et consignes seront livrés aux manifestants au sujet des manifestations du 22 et du 30 janvier 2024.

« Si les brouilleurs n’entendent pas raison après cette première phase de notre plan de riposte renforcé, le SPPG dévoilera le calendrier du mois de février qui est déjà élaboré et validé.  Notre revendication ne coûte rien à l’État : la libération des médias et les réseaux sociaux. Mais, si rien n’est fait après la journée du 18 janvier pour rétablir les Guinéens dans leurs droits, beaucoup d’autres griefs viendront se greffer à cette revendication principale », ajoute la déclaration.

Sékou Jamal Pendessa, le 8 janvier Rfi, tempère : « Nous disons qu’ils ne sont pas assez sévères parce que nous, nous savons ce que nous sommes en train de vivre. Nous espérons que les autorités en prendront conscience, le commissaire général a rappelé les engagements que la Guinée a pris à l’international en termes de liberté de la presse et des droits de l’homme en général.» Justement, le 29 décembre 2023, Volker Türk, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme « s’était dit préoccupé par la répression accrue de la liberté des médias en Guinée », avait exhorté les autorités à changer de cap.

Yaya Doumbouya