Les diplomages et les ambassadeurs accrédités en Guinée ont bavardé le 10 janvier avec Mori-Sans-dents Kouyaté, ministre guinéen des Affaires étranges. Ils lui ont exprimé leurs préoccupations face à la restriction d’internet et le musellement de la presse.   

Depuis le 24 novembre dernier, l’internet est restreint en Guinée. Ce qui affecte le fonctionnement des entreprises et des services. La restriction porte aussi atteinte aux activités des ambassades et missions diploma-giques établies dans le bled. 

L’ambassadeur d’Allemagne, Ulrich Norbert Meier-Tesch, déclare que « la situation est pire » que sous Alpha Grimpeur. « Nous souffrons des problèmes de communication. En dehors de l’ambassade, je ne peux pas communiquer, ça gêne beaucoup dans le travail. » A propos de la pénurie du car-brûlant, le diplomage indique que si la crise perdure, nombreux de ses travailleurs cesseront de rallier l’ambassade. « Notre souci majeur est la situation de la presse, la liberté de s’informer. C’est une situation dommageable, ça donne une très mauvaise image de la Guinée (…) » Dans le domaine de la liberté d’information et de presse, le diplomage laisse entendre que la junte est allée plus loin qu’Alpha Condé.

Marc Fonbaustier, ambassadeur de la France en Guinée, rappelle que le fonctionnement des missions diploma-giques reste important pour la Guinée. Mais que les morsures du goubernement « portent une réelle atteinte » au fonctionnement régulier des missions diplomagiques. Sans diplomagie, il a déclaré : « Je ne peux plus travailler depuis ma résidence avec mes moyens de communication dédiés. Quand je suis dans mon véhicule de fonction, l’instrument qui m’a été donné par mon gouvernement ne peut plus être opérant. Je travaille actuellement avec deux tunnels VPN dont l’un n’est plus opérant, ce qui fait que je suis à 50% de ma capacité de délivrance des visas. L’image du pays est affectée négativement et gravement. » Ousmane Gawa Diallo t’entends ça ?

Le diplomage français regrette qu’aucun traitement spécifique ne soit réservé aux corps et missions diploma-giques au sujet de l’apprivoisement en car-brûlant. « Le carburant est considéré comme un élément exogène. Je pense que nous allons trouver des solutions pratiques si la crise perdure. Il faudrait, peut-être, réfléchir à une solution amiable afin de restaurer le fonctionnement normal des ambassades et missions consulaires. Mais, nous pensons d’abord à la population qui souffre. »

De son côté, Mme Jolita Pons, la cheffe de la Délégation de l’Union européenne en Guinée, estime que la restriction imposée à certains médias est « au-delà du problème de communication, celui des libertés d’expression. À part la liberté des citoyens, c’est un problème de réputation pour la Guinée. On se pose beaucoup de questions, notamment dans quelle mesure ces restrictions sont justifiées, proportionnées, nécessaires. En tant que pays amis de la Guinée, on se demande si ces restrictions ne sont pas contre-productives. On souhaite que cette dernière année de transition se passe dans le climat le plus paisible possible. » Amen !

La réponse de Mori-Sans-dents Kouyaté

Le ministre des Affaires étranges et des Guinéens de l’Etranger, Morissanda Kouyaté, répond que le goubernement ainsi que la Présidence de la République sont affectés par la restriction de l’internet. « Les préoccupations posées sont les préoccupations de tout le monde. Les difficultés dans les ambassades sont les mêmes dans nos ministères, le gouvernement n’a pas un VPN personnel pour dire qu’il est en dehors. Nous sommes affectés par un problème sécuritaire. On ne peut aller plus loin. Mais, ensemble nous allons pouvoir travailler pour résoudre les problèmes le plus tôt possible. Nous sommes en développement, nous avons besoin de toutes ces choses, mais tout cela se discute quand il y a la sécurité ». Selon le ministre, « le juste milieu » sera trouvé. D’ici-là, le courroux contre la junte va monter crescendo.

Yaya Doumbouya