Le 9 février, l’affaire Bienvenu Lamah a été évoquée devant les Chambres réunies de la basse-Cour suprême. La bosse de la gendarmerie régionale de Coan-crime et ses avocats sans vinaigrette cherchent à faire annuler son inculpation dans le dossier du massacre du 28 septembre 2009.

Il est incarcéré à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie depuis bientôt 15 mois. Bienvenu Lamah, ponte du défunt Chaud-NDD, inculpé pour « Complicité d’abus d’autorité, de meurtre, d’assassinats, de viols et coups et blessures volontaires », dans l’affaire des atrocités perpétrées au stade 28 septembre en 2009, veut se sortir de ce pétrin. Il compte sur la basse-cour suprême pour entrevoir le bout du tunnel. Le 9 février, les parties au procès ont débattu du pourvoi en cassation introduit par le pandore et ses avocats sans vinaigrette.

Bienvenu Lamah, alors responsable du camp d’instruction de Kaléyah, faisait partie des pontes du CNDD soupçonnées d’avoir planifié les tueries en 2009. Après enquêtes, il bénéficie d’un non-lieu. A l’ouverture du procès, le dossier connaît un rebondissement. Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba, un des accusés, dénonce le colonel Bienvenu Lamah, qui est convoqué, entendu, inculpé et écroué à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie. Une chambre d’instruction de la Cour d’appel annule l’inculpation, la partie civile se pourvoit en cassation. Le dossier est repris, aboutit à une nouvelle inculpation. C’est contre cette inculpation que sa défense a introduit un pourvoi en cassation. Me Zézé Kalivogui estime que le dossier concernant son client n’aurait jamais dû rouvrir : « Aucun nouvel élément ne justifie l’inculpation du colonel Bienvenu Lamah. Le seul élément, c’est la déclaration de Toumba Diakité ».

Il se trouve qu’avant de rouvrir le dossier, le parquet du TPI de Dixinn avait pris soin d’entendre le témoignage d’un anonyme incriminant l’accusé. Pour sa défense, cela n’a pas suivi la règle : « Ce témoignage anonyme ne peut constituer de nouvelles charges… La procédure d’audition sous anonymat est strictement encadrée. Le procureur de Dixinn n’a jamais présenté une requête pour audition de témoins. Or, cette procédure est née de ce témoignage. »

L’avocat sans vinaigrette dénonce également une démarche loyale « parce que le parquet est partie au procès. Sans compter qu’on accuse à tort mon client d’être le directeur du Centre d’instruction de Kaléah. A l’époque, c’est un certain Mamadou Saliou Diallo qui était directeur ». Me Zézé Kalivogui dénonce aussi le fait que le colonel n’ait reçu sa convocation que le jour même de son audition.

Tous ces griefs constituent, selon l’avocat, un motif d’annulation de son inculpation : « Si cette affaire passe, elle constituera une insécurité judiciaire. »

Pour les avocats sans vinaigrette des parties civiles, aucun droit de Bienvenu Lamah n’est violé. Il chercherait juste un alibi pour se soustraire à la justice : « La loi donne effectivement le droit au procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn de requérir la reprise de l’information judiciaire », explique Me Saa Dissi Millimono. La défense accuse le procureur de la République près le TPI de Dixinn d’entretenir la confusion entre ses fonctions de poursuite et celles de jugement. Faux, rétorque l’avocat des parties civiles : « Le procureur n’a jamais jugé le colonel Bienvenu Lamah. » Pour ce qui est de la convocation qui n’aurait pas respecté les délais, Me Saa Dissi se demande pourquoi l’accusé ne l’a jamais contesté : « Il pouvait ne pas répondre, mais l’a fait paisiblement. Où est le problème ? »

L’avocat général, Williams Fernandez, est sans équivoque. Rien ne justifie à ses yeux la cassation de l’inculpation du colonel : « La Cour doit rejeter purement et simplement ce pourvoi, il est sans objet ». Bienvenu Lamah sera fixé sur son sort le 16 février prochain.

Yacine Diallo