Les deux procès en appel opposant, d’une part les responsables du Front national pour la défense de la Constitution, FNDC au ministre de la Justice, d’autre part, le même FNDC au parquet du TPI de Dixinn, s’est poursuivi mercredi 14 février à la Cour d’appel de Conakry. L’audience a tourné court, elle est renvoyée au 28 février. La faute à une défense qui demande du temps pour préparer sa réponse aux conclusions du camp adverse.

La première affaire remonte à juillet 2022. Oumar Sylla alias Foniké Menguè, coordinateur national du FNDC, Billo Bah, chargé des antennes et de la mobilisation et l’artiste Djanii Alfa sont brutalement interpellés au siège de leur structure, au cours d’une conférence de presse, conduits en prison après une brève audition à la Direction centrale de la police judicaire. Ils sont jugés pour « injures publiques, outrage à magistrats, trouble à l’ordre et à la sécurité publique et complicité », avant d’être relaxés par un juge du TPI de Dixinn, pour délits non constitués.

S’opposant à cette décision, le parquet interjette appel, alors que le procureur d’instance avait requis la relaxe. Le parquet estime qu’il n’y avait pas lieu de les libérer : « Après avoir été violentés, traumatisés, arrêtés dans des conditions inouïes, déplorables, dégradantes et inhumaines, le tribunal les avait libérés purement et simplement parce qu’il y avait aucune infraction, mais le parquet a fait appel. Ce dossier a été appelé aujourd’hui et il est renvoyé au 28 février prochain, pour qu’on puisse déposer nos conclusions en appel. C’est le parquet qui a relevé appel, parce que sûrement mécontent de la libération de mes clients », explique l’avocat de la défense, Me Salifou Béavogui. Il espère que « force restera à la loi, que le droit sera dit » dans ce dossier.

Dans l’autre affaire, ce sont Foniké Menguè et Sékou Koundouno qui poursuivent le ministre de la Justice, Alphonse Charles Wright, pour « diffamation, violence, coups et blessures ». Ils n’ont pas digéré les déclarations les concernant faites par le prévenu, quand il était Procureur général. En Première instance, le tribunal s’était déclaré incompétent, estimant que Charles Wright avait agi non seulement en tant que commis de l’Etat et devait être jugé par la Haute cour de la justice. Me Salifou Béavogui espère que la Cour d’appel changera cette décision : « Nos confrères ont produit des conclusions en appel auxquelles nous souhaitons répliquer. C’est pourquoi, nous avons sollicité le renvoi. Nous allons aborder ces deux affaires pour voir dans quel sens la Cour pourrait intervenir. Nous sommes sereins, nos clients ne se reprochent rien. Ils savent qu’ils sont victimes d’injustice et d’arbitraire. Mais nous continuerons à nous battre pour le triomphe de la vérité ». Le Garde des Sceaux Charles Wright doit faire face à beaucoup de fronts.

Yacine Diallo