Le 26 février, en marge de la grève générale et illimitée lancée par le Mouvement syndical, deux jeunes ont été tués par balle, dans la commune Ratoma : l’un à Sonfonia, l’autre à Hamdallaye-Pharmacie.   

Mamady Keïta, 18 ans, élève de 10ème année, est sorti pour acheter à manger, lorsqu’il a été touché par balle à l’épaule, à Sonfonia. Il a rendu l’âme sur place. « J’ai pris congé de mon fils hier nuit pour me rendre à l’hôpital Donka, au chevet de ma fille. Je l’ai laissé à la maison avec sa grand-mère et je lui ai dit d’aller nulle part, de veiller sur ses frères et sœurs, il est  l’aîné. Je lui ai remis 10 000 GNF pour le petit-déjeuner du lendemain, lundi 26 février. Il a reçu la balle l’épaule, il est décédé, le haricot de petit-déjeuner entre les mains », explique à la presse, Taïbou Diallo, la mère de la victime. « Ce n’était pas évident qu’il sorte manifester, son père est un agent des Forces de sécurité, son oncle aussi. J’implore la grâce de Dieu pour mon enfant. Je ne pardonnerai jamais celui qui a ôté la vie à mon enfant.»

Après Mamady Keïta, aux environs de midi, Ibrahima Touré, conducteur de taxi-moto, âgé d’une vingtaine d’années, a été aussi fauché par balle à Hamdallaye-Pharmacie. Son père, Aboubacar Touré, maçon de son état, joint au téléphone par Guineematin.com, explique : «J’étais sur le chantier lorsqu’on m’a informé qu’ils ont tiré sur Ibrahima Touré. En revenant à la maison, mon petit-frère m’a rappelé pour dire que mon fils est décédé.»

 « Quand le président de la Transition, Mamadi Doumbouya, a pris le pouvoir, il a dit que la justice sera la boussole qui va orienter tous les Guinéens. Aujourd’hui, il est en train de faire pire que l’autre (Alpha Condé) », dénonce Aboubacar Touré.

Ousmane Diallo, voisin d’Ibrahima Touré d’ajouter : «Ils ont tiré sur lui juste au niveau de la station-service, entre 11 h et 12 heures. Comme on n’était pas prêt à faire l’enterrement, on l’a envoyé à Ignace-Deen pour faire l’autopsie. Les taxi-motards qui étaient à côté ont indiqué que c’est les gendarmes qui ont tiré sur lui et qu’il est tombé sur place. Ce sont les voisins qui ont envoyé le corps à Jean Paul 2, avant que ses parents ne viennent le transporter à la morgue d’Ignace-Deen.»

Le 27 février, deuxième journée de la grève générale et illimitée, des jeunes ont repris la rue à Bantounka 1, près du carrefour Cosa. Mais, ils ont été dispersés à coups de gaz lacrymogène par des Forces de l’ordre. Toutefois, la tension reste palpable sur place, où des échauffourées avaient éclaté la veille entre jeunes manifestants et Forces de défense et de sécurité.

Yaya Doumbouya