Le 26 février, en banlieue de Conakry, la grève générale et illimitée lancée par le mouvement syndical guinéen a largement paralysé les activités économiques. Des échauffourées opposant Forces de l’ordre à des manifestants ont éclaté çà et là.

Le mouvement syndical guinéen réclame, entre autre, la baisse des prix des produits de première nécessité, l’application des protocoles d’accord dans l’éducation, la fin du musellement de la presse, la libération de Sékou Jamal Pendessa, le secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée, SPPG. Celui-ci a été condamné, le 23 février, à six mois de prison dont trois mois assortis de sursis, par le tribunal de première instance de Dixinn.

Dans la matinée du 26 février, c’était la morosité dans les quartiers Bantounka 1 et 2, tout comme au carrefour Cosa, sur l’autoroute Leprince. Nombreux habitants vaquent à leurs occupations. Quelques taxis et minibus roulent, les véhicules des particuliers aussi. Les taxi-motards, nombreux comme d’habitude campent dans leurs coins, à l’affût des clients. Pourtant, la veille, le Syndicat national des taxis-motos de Guinée (Synatam-Guinée) a appelé, à observer le mot d’ordre. « Le Synatam-Guinée invite les taxi-motos à la retenue et à rester à la maison », avait déclaré le Synatam.

Témoignages

Les taxi-motos n’ont pas suivi le mot d’ordre de grève ? « Je suis au courant de la grève, mais je ne suis pas au courant que le syndicat a appelé à ne pas travailler », se défend un taxi-motard à Petit-Simbaya. Pour Mohamed Diallo, taxi-motard rencontré au rond-Cosa, « manifester est important, mais se préparer pour le Ramadan est mieux. »

Les stations-services fonctionnent. Quelques pharmacies sont ouvertes, banques, elles, sont closes. La plupart des boutiques et magasins sont restés fermés. Tout comme les écoles, les ateliers de tout genre. Quant aux marchés de condiments, ils grouillent de monde. Les étalagistes envahissent les coins et recoins de la chaussée, les marchands ambulants arpentent les rues.

Des policiers et gendarmes sont déployés autour du rond-point Cosa. On dénombre un canon à eau chaude et quatre pick-up de gendarmes, deux autres de policiers. Des bérets rouges armés, à bord des pick-up, font la ronde.

A Bantounka 1, vers les rails, une tentative de vol dont est accusé un petit garçon, a failli tourner au vinaigre entre la foule et les gendarmes. Heureusement, la tension est retombée et le présumé voleur sauvé d’un lynchage par les gendarmes.

Des infiltrés ?

« Je ne vois pas l’intérêt des manifestations en Guinée, on ne fait que tuer des gens et arrêter les autres. Normalement, si on appelle à des manifestations, tout le monde doit dire non et aller travailler. Les manifestations ne servent à rien », estime Ibrahima Sall.  

Un jeune, qui a requis l’anonymat, accuse un autre parmi les civils, à faire interpeller les jeunes manifestants. « Beaucoup de jeunes sont payés pour désigner ou aider les forces de l’ordre à nous arrêter, c’est malhonnête. Mais, on les débusquera tôt ou tard », renchérit un autre.

A midi, des jeunes ont déversé des ordures sur la chaussée au niveau du coin appelé Plaque-Cellcom, sur l’axe qui mène à Petit-Simbaya. Ils s’apprêtaient à brûler des pneus lorsque la police est intervenue à coups de gaz lacrymogènes. Les manifestants se sont dispersés dans les quartiers, en lançant des injures aux forces de l’ordre.

Yaya Doumbouya