Barack Obama a prévenu : « L’Afrique a besoin d’institutions fortes.» Le Beau Blaise, le Compadré de Sankara, n’a pas tardé à réagir : « Pour avoir des institutions fortes, il faut des hommes forts. » Et l’Histoire de tendre la perche : « Donnons du temps au temps ! »

Cet échange doucereux de termes caustiques s’est déroulé entre le président de la Première puissance mondiale de l’époque,  les États-Unis d’Amérique, et le futur ex président à vie du Burkina Faso, Blaise Compaoré, qui venait d’infliger à son pays un quart de siècle de règne sans partage, dans tous les sens du mot. Chacun des  deux présidents savait de quoi il parlait. Le troisième protagoniste, l’Histoire, emprunta les mille et un raccourcis à sa disposition pour trancher dans le vif. Obama acheva son second mandat pour reprendre la vie du citoyen presque ordinaire, respecté et respectable. Aujourd’hui, sa feuille d’impôts montre qu’il gagne mieux sa vie que quand il était au four et au moulin à la Maison Blanche.

Blaise Compaoré continua son règne absolu jusqu’au 31octobre 2014. Les Burkinabè le chassent. Par consensus. Il arrive à Abidjan après exfiltration.  Ivoirien par pitié, il n’a plus accès aux cliniques huppées de certaines capitales occidentales qui s’occupaient de ses céphalées président-ciel. Faute de visa. A-t-il fini de tirer la conclusion que la force des armes ne fait pas nécessairement la force de l’homme ? Quand en 2016, son aide de camp, Gilbert Diéndéré, a voulu le réinstaller par la force au Palais Kosyam à Ouaga II, les Burkinabé, leur jeunesse, « leurs jeunes officiers Facebook », le Moro Naba et tout le gotha du pouvoir traditionnel fondé sur les institutions ancestrales se sont donné la main et le mot pour faire entendre raison au Beau Blaise. Macky Sall y était, au nom de la CEDEAO, de ceux à mener les hypocrites négociations d’usage. Il a tôt fait de rentrer à Dakar « honteux et confus. »

A présent, M. Maquis doit avoir compris pourquoi M. Blaise était dans des Sall draps. Tant que les présidents africains continueront de privilégier les armes et les valets du palais sur la légitimité des hommes et des institutions de la république, ils ne seront pas à l’abri des surprises, des révolutions, des convulsions, des renversements de situations, jusqu’aux exfiltrations.

 Maquis Sall vient de tirer la leçon à son corps défendant. Par la force des institutions sénégalaises. Oui, elles existent, contrairement à maintes néo-colonies africaines, surtout d’obédience française. Aveuglé par le pouvoir, le Président sénégalaid avait lâché ses FDS sur ses concitoyens qu’il a crus sans défense. Erreur : il a mal pesé les valeurs républicaines du Sénégal de 2024. Les institutions sont si fortes qu’elles lui montré les limites de « l’homme fort. »

Contraint et forcé de quitter le palais par une porte dérobée, il met tout en branle pour sauver ses valets. Jusqu’à la loi d’amnistie. Les forces vives crient à l’amnésie.  Quelque 222 signatures du CUD, le collectif des universitaires pour la démocratie lui rappellent « qu’effacer les crimes du passé reviendrait à bafouer la mémoire des victimes et à fragiliser les fondements de l’État de droit. Refuser l’oubli forcé est la seule voie pour respecter les principes républicains… » Que faire ? S’il avait écouté Kéléfa Sall, il aurait évité « les dérapages vers les chemins interdits en démocratie et en bonne gouvernance. » Hélas !

Diallo Souleymane