Les 17 et 18 mars, Koliagbé, district relevant de la préfecture de Kindia, était le théâtre de violences. La mort en détention d’un jeune du village a engendré la révolte d’une partie de la population.

A Koliagbé, la crise couvait depuis des années. Ce qui a remis de l’huile sur le feu, c’est le décès d’un décès d’un certain Naby Camara, alors qu’il était en détention à la prison civile de Kindia. Furieux, les membres de sa famille et d’autres villageois se sont attaqués à la famille d’Ibrahima Kalil Diallo alias ‘’Marcos’’, qu’ils accusent d’être à la base des ennuis judiciaires de Naby Camara. Bilan : trois maisons, trois véhicules et une plantation, appartenant à la famille Diallo, incendiés. Ibrahima Kalil Diallo et sa famille ont pris la poudre d’escampette : « Kalil Marcos Diallo a fait emprisonner des personnes qui avaient détruit sa plantation. Un d’entre eux est tombé malade en prison, il est décédé à l’hôpital. Ses parents ont voulu venger sa mort, ils se sont livrés à toutes sortes de violences. Ils voulaient tuer Kalil et les membres de sa famille », explique une source basée à Friguiabé.

Le corps de Naby Camara se trouve à la morgue de l’hôpital de Kindia. Sa famille aurait refusé de le récupérer. Même le préfet de Kindia n’aurait pas réussi à ramener les mécontents à la raison : « Les parents de Naby Camara refusent de l’enterrer. Il devait être inhumé le dimanche, mais ils ont catégoriquement refusé », ajoute notre interlocuteur. La famille du défunt estime que leur enfant est décédé à cause de son emprisonnement. Mais pour le procureur de la République près le tribunal de première instance de Kindia, Damou Camara, Naby Camara souffrait d’une « insuffisance rénale à la phase terminale ». La justice lui aurait donné la possibilité de sortir de prison pour se soigner. Il a été hospitalisé une semaine durant, ses « parents ont refusé d’aller l’évacuer sur Conakry, il en est finalement mort. La famille Marcos n’a rien à voir avec sa mort », selon le procureur. 

Après deux jours de violences, un calme précaire règne dans le village le 19 mars. Les forces de sécurité quadrillent la zone, les membres de la famille attaquée se sont cachés en brousse ou dans les villages voisins. Le procureur de la République près le tribunal de première instance de Kindia promet de retrouver les auteurs et les commanditaires de cette violence : « Ceux qui ont une dose de responsabilité, si petite soit-elle, répondront de leurs actes devant la justice. »

Ce différend est parti d’un conflit domanial vieux de plus d’une vingtaine d’années. Le père d’Ibrahima Kalil Diallo, installé à Koliagbé depuis les années 1970, acquiert un vaste domaine de plus de 80 hectares. Il en fait une plantation. A sa mort, des membres de la famille Camara dit à ses héritiers qu’ils ne peuvent être propriétaires de tout ce domaine. Ils exigent aux héritiers de leur rétrocéder une partie. Niet catégorique des Diallo. L’affaire arrive au TPI de Kindia, la famille Diallo obtient gain de cause. La famille Camara interjette appel, elle perd. Mécontente, elle s’en prend à la plantation d’Ibrahima Kalil Diallo dit Marcos, et détruit tout. Ibrahima Kalil Diallo porte plainte. Une dizaine de personnes sont interpellées et placées sous mandat de dépôt, en attendant leur procès pour « destruction de biens privés ». Parmi ces détenus Naby Camara, qui vient de décéder.

Yacine Diallo