Les travailleurs de CIS-médias ont déclenché un mouvement de crève mercredi 20 mars. Ils ont exprimé leur ras l’obole devant le siège du groupe de presse sis à Lambanyi, banlieue nord de Cona-cris. Ils exigent le respect de leurs droits et réclament 18 mois d’arriérés de salaires à la direction générale.

CIS-médias est un groupe de presse spécialisé dans les domaines du Sport et de la Culture. Depuis le départ du PDG de la Fédération guinéenne de football (Féguifoot), Mamadou Antonio Souaré, il y a plus de trois ans, le média traverse une mauvaise passe. Le dirlo, le Sénégalaid, Aboubakry Ba est renvoyé. Les choses ne se sont pas arrangées pour autant. La descente aux enfers s’aggrave. Conséquences : les travailleurs se sont retrouvés livrés à eux-mêmes, avec des mois d’arriérés de salaire impayés. La crise perdure. De réunion en réunion, un consensus n’a pu être trouvé pour régler la situation, les employés, en majorité, ont préféré claquer la porte. Le reste a continué le travail, avec des primes à la place du salaire, en attendant une solution de sortie de crise.

Des travailleurs bradissants des slogans contre la Direction générale de CIS-Médias

La Direction générale de CIS-médias s’est engagée à payer les arriérés de salaire. Voilà que depuis 18 mois, les promesses n’ont pas été tenues. Le samedi 16 mars, ils ont déposé un préavis de grève à la Direction de l’entreprise, SAM-GBM et ont menacé : si rien n’est fait jusqu’au mardi 19 mars, ils seront obligés de tout arrêter à partir du lendemain. N’ayant obtenu aucune fuite sur leur réclamation, ils ont exprimé leur mécontentement le 20 mars, munis de pancartes. Les slogans sont hostiles : « On a trop souffert ; Trop, c’est trop ; 18 mois, c’est trop ; Notre dignité est bafouée ; Notre patience a des limites ; On veut plus de promesses ».

« Nous ridiculiser »

Pierre Fatewa Diawara, journaliste, porte-voix de circonstance s’est exprimé : « Aujourd’hui, on a décidé de prendre nos responsabilités et réclamer nos droits, parce qu’on a plus confiance à la bonne foi de nos responsables. Il y a eu des rencontres, des promesses, des engagements, mais rien a été respecté et on ne nous a jamais expliqué le pourquoi. En septembre 2023, ils nous devaient dix mois de salaires. Ils nous ont suppliés de les réduire, ils vont nous payer cinq mois dans deux semaines. Nous avons accepté et voilà que nous sommes en mars, six mois après on n’a pas été payé, sans explication ni raison valable. À l’approche du Ramadan, on nous a promis que nous allions percevoir quelque chose. Une semaine après, c’est le silence total. Nous avons constaté qu’ils étaient en train de nous ridiculiser, mais on en a marre ». Le con(.)frère Diawara dit avoir perdu toute dignité et confiance sociale. Il trouve regrettable le silence des responsables qui ne bronchent aucun mot sur la situation : « À la maison, on a des responsabilités : loyers à payer, familles à nourrir, scolarité des enfants à payer. On a estimé que notre patience a des limites ; s’ils n’ont pas d’argent, ce n’est pas notre problème, mais celui du service commercial. Nous, nous faisons le travail pour lequel nous sommes engagés. » selon lui, le sit-in d’aujourd’hui n’est que le début d’une longue série de manifestations, dont l’arrêt de la diffusion des programmes radios et télés à partir de du 20 mars. Ils promettent de se battre jusqu’à la satisfaction effective de leurs revendications.

Le SPPG en renfort

Solidaire envers les grévistes, le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) promet de soutenir leur démarche. Sékou Jamal Pendessa, le secrétaire gênant du SPPG, a rencontré les deux camps : « Ce qui est indéniable, c’est qu’il y a des arriérés de salaire que la direction doit aux employés, mais elle n’en parle pas. Les employés sont dans leur droit de réclamer et nous savons tous la situation socioéconomique du pays. Nous allons vous accompagner dans ce dossier, pour que vous soyez rétabli dans vos droits. Nous avons échangé avec le directeur exécutif du média, il part à la rencontre du PDG et le Syndicat va rencontrer M. Antonio Souaré, soit aujourd’hui où dans les 72 heures qui suivent. Assurez-vous que nous avons pris le dossier à bras-le-corps », a soutenu Sékou Jamal Pendessa.

Aux environs de 14h 30, des flics et des gardes du corps d’Antonio Souaré sont arrivés sur les lieux, avec un ordre : « Fermer les locaux et lui déposer les clés ». Le dirlo de CIS-médias, Alphamady Touré, n’a pas été loquace sur le sujet. Il promet que le média ne sera pas fermé, mais qu’il s’agit d’assurer le service minimum, les travailleurs étant en grève. Pour lui, c’est une crise qui concerne employés et employeurs, elle ne devrait, en aucun cas, être réglée dans les médias.

Le Groupe CIS-médias est composé d’une radio FM et d’une chaîne de Télé, il consacre ses infos à la culture et au sport depuis son lancement en 2016.

Abdoulaye Pellel Bah