Oyé-Oyé Guilavogui, ancien ministre des Télécoms sous Alpha Grimpeur, est en séjour médical en Tunisie depuis novembre dernier. Il est poursuivi pour détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux.

En novembre 2023, la Chambre de jugement de la Crief, Cour de répression des infractions économiques et financières a permis à Oyé-Oyé Guilavogui de voyager sur la Tunisie, pour des soins, trois mois durant. Le délai écoulé, sa comparution se fait attendre, suscitant l’inquiétude de la partie civile. « On nous a fait croire qu’Oyé Guilavogui est en Tunisie pour des soins. Alors qu’en réalité, il a rejoint son mentor Alpha Condé en Turquie », clamait Me Baben Camara (agent judiciaire de l’Etat) à la Chambre de jugement de la Crief, le 20 mars. Ce qu’a rejeté en bloc la défense de l’ancien ministre des Télécoms. Me Salifou Béavogui jurait la main sur le palpitant que son client est sous soins en Tunisie. Le bureau politique du Rpg arc-en-ciel dont est membre Oyé-Oyé Guilavogui, cire au « mensonge d’Etat. »

A l’audience du 3 avril, les débats ont porté sur le renvoi de la comparution d’Oyé, accusé notamment d’avoir détourné cinquante petits millions de dollars ricains de prêt chinetoque à la Guinée. L’enveloppe était destinée au financement de la relance de la Société guinéenne des Télécommunications, Sotel-guigne.

«Oyé Guilavogui souffre de métastases osseuses. Il est soumis à un traitement à la base de la chimiothérapie pendant douze mois. Un protocole de radiothérapie sera envisagé pour une période de douze mois, soit deux fois par mois. Oyé Guilavogui est alité, c’est vérifiable par tous les moyens », déclare Me Salifou Béavogui, avocat (sans vinaigrette) d’Oyé-Oyé. Et de solliciter le renvoi du dossier en janvier 2025, ou du moins, délivrer « une citation » à son client. « Oyé Guilavogui n’est pas clandestinement sorti du pays, il n’a aucun intérêt à rester en Tunisie. Une fois rétabli, il rentrera au pays », jure-t-il.

Le ministère public demande aussi le renvoi de l’affaire, « conformément aux dispositions de l’article 658 » du Code de procédure pénale. La partie civile (agent judicaire de l’Etat) estime qu’Oyé-Oyé Guilavogui s’est soustrait à la justice. Me Ibrahima Kalil Camara demande un renvoi pour plaidoiries et réquisitions.

« Monsieur le président, on dit qu’Oyé Guilavogui est en Tunisie pour des soins. Pour régler la situation, il faut respecter le délai de trois mois, il ne réside pas en Tunisie, il ne travaille pas là-bas. Je suis surpris que le ministère public abonde dans le même sens que la défense. Monsieur le président, nous vous demandons de renvoyer ce dossier à une date de votre choix pour plaidoiries et réquisitions. On ne peut pas faire comparaître un prévenu qui ne veut pas comparaître », clame Me Ibrahima Kalil Camara.

La Cour a renvoyé l’affaire au 10 juillet 2024, pour la comparution d’Oyé-Oyé Guilavogui. Amen !

Yaya Doumbouya