L’Organisation mondiale de la météorologie le confirme. L’année 2023 bat le record mondial de température. Dans le même rapport, l’OMM indique que 2024 sera plus chaud. Les températures ont atteint 31 ° à Conakry, en mars dernier.

A Conakry, les dix derniers jours du mois de mars ont plutôt été cléments, les températures n’ont pas dépassé les 27 °. Quoique ce quarantenaire de Kipé déclare n’avoir « jamais ressenti autant de chaleur à Conakry ». Musulman et en plein Ramadan depuis 19 jours, Monsieur Saliou Diallo jure avoir des difficultés à garder la gorge sèche pendant ses journées de jeûne.

Les spécialistes effarés, mais pas étonnés !

Une situation très difficile au moment où les musulmans de Guinée accomplissent l’un des cinq piliers de l’Islam, le jeûne, et même les chrétiens, il y a quelques jours qui s’acquittaient, eux aussi du carême. Difficile, mais rien d’étonnant pour les environnementalistes : « En tant qu’homme de terrain, moi, je ne suis pas étonné. Avant, les forêts qu’on protégeait dans le pays, qui constituaient une couverture végétale sont toutes coupées. Le déboisement est massif », constate Ibrahima Kalil Condé, fonctionnaire retraité au Ministère de l’Environnement.

Pour ce cadre ayant longtemps travaillé au reboisement des montagnes de Ziama, Gouéké et autres parcs nationaux, les causes sont claires : entre autres, le déboisement, l’urbanisation anarchique, l’exploitation minière. « Quand la couverture végétale manque, automatiquement, il y a la chaleur qui va gagner du terrain. C’est le couvert végétal qui crée un micro climat pour qu’on ressente une certaine humidité dans notre pays. Avant, ici jusqu’à Mamou, le climat était commode, mais de Mamou en Haute-Guinée, tout est coupé. Donc, c’est l’harmattan qui est en Haute-Guinée qui vient frapper directement Conakry. »

Les vagues de chaleur sont énormes à Conakry, mais aussi à l’intérieur du pays. L’Agence nationale de la météorologie (l’ANM) vient de publier une alerte météorologique : du 22 au 28 mars, jusqu’à 42° dans des préfectures comme Koundara et Siguiri, 33° à Macenta où la forêt de Ziama est localisée. Le Directeur général de l’agence opte pour la prudence : « Les analyses se poursuivent, mais la tendance montre que l’année 2023 a été une année chaude. Quand on prend certains endroits, qu’il y ait hausses de températures ou non, il y a la chaleur, comme Koundara, Siguiri, Kankan. Dans le passé, il y a eu des épisodes qui ont été enregistrés, mais chaque cas est associé à une cause bien définie. Pour le cas de 2023, c’est lié à une cause planétaire », explique Dr René Tato Loua.

L’heure est aux action et sensibilisation

Pour le prédécesseur de Dr Loua à l’ANM et ancien membre du conseil exécutif de l’Organisation mondiale de la météorologie, « l’heure est aux actions et à la sensibilisation. Tous les secteurs, y compris les médias, doivent prendre en compte la question de l’environnement au sérieux, pour pouvoir arrêter ces vagues de chaleur et sensibiliser les citoyens aux enjeux environnementaux », soutient Mamadou Lamine Bah.

Les trois spécialistes mettent l’accent sur les mesures à prendre sans attendre. Sinon, selon eux, les conséquences sur de telles vagues de chaleur pourraient impacter à la fois l’approvisionnement de l’électricité qui dépend des barrages hydroélectriques, mais aussi les semences du pays.

 Amadou Diarouga Baldé