A l’approche du mois de Ramadan et en plein carême chrétien, la chambre de commerce, avec l’implication du Premier ministre, avait promis de revoir à la baisse les prix de certaines denrées alimentaires. Trois semaines se sont écoulées, mais les prix « ont-ils été suffisamment bougés » ? Les réponses varient d’un marché à un autre, d’un commerçant à un autre.

« Si on le revend comme ils le demandent, c’est la perte ». Ils sont appelés denrées de première nécessité : sucre, riz, huile, oignon… A l’exception du riz, les prix ont effectivement baissé. Le sac de sucre a glissé de 440 000 à 400 000 francs guinéens ; l’huile, de 290 000 à 265 000 ; l’oignon, de 260 000 à 230 000 francs guinéens le sac de 25 kg. Dans plus d’un marché de Conakry, le journaliste enquêteur a du fil à retordre pour obtenir ces chiffres. Dans leur grande majorité, les commerçants esquivent la question, quand ils ne vous ferment pas la porte au nez. Suspicion, cachoterie, espionite, allez le savoir !

Mariama Dalanda Diallo, vendeuse au marché de Lambanyi, préfère étaler les pertes qu’elle subirait si elle respectait à la lettre les prix fixés par les autorités : « Pour le riz, on nous a demandé de glisser 330 000 francs le sac qu’il faudrait bazarder à 340 000 francs, ce qui n’est pas bon pour nous. Si on le revend comme ils le disent, c’est la perte, on n’aura que 5 000 comme intérêts, pourtant le déplacement d’ici Madina est énorme, le loyer et tout ce qui s’ensuit sont chers », explique-t-elle.  

Manque d’informations autour des prix revus à la baisse

La facture de son dernier achat en main, Alpha Ibrahima Diallo, confirme que les nouveaux prix ne font pas l’affaire mais la situation économique est tellement caillou qu’il revend souvent plus bas que les prix fixés par les autorités : « Par exemple, je revends le sucre moins cher que le prix homologué. Ils exigent qu’il soit revendu à 440 000 francs guinéens, mais moi, je le revends à 400 000 francs guinéens ».

Une petite vérification, on voit que tout n’est pas rose dans cette opération de bienfaisance. Notre généreux commerçant applique les anciens tarifs de la Chambre de commerce issus du protocole d’accord entre le ministère du commerce, la direction générale des douanes et la Chambre de commerce, paraphé fin janvier. Un autre protocole intervenu après, avait revu les prix à la hausse.

« Manque d’informations, » dénonce Thierno Ibrahima Diallo pour qui, les agents de contrôle ont fermé la boutique il y a quelques semaines. « Il nous a fallu aller jusqu’à Kaloum pour récupérer nos clés, avec une amende d’un million francs guinéens », conclut, amer, M. Diallo.

Amadou Diarouga Baldé