«Notre régime était plus démocratique que celui de Macky Sall…» Ce mensonge éhonté sort non pas des cuisses de Jupiter mais de la bouche d’un ancien ministre de l’Information d’Alpha Condé, Alhousseini Makanéra Kaké. Le 30 avril, le ministre a profité de ce qui reste d’antennes à nos confrères de Djoma TV pour étaler ses justifications insipides de la dictature de son mentor. Souffrez que je cite. « Le monde tel qu’il évolue, la démocratie n’est pas un cadeau, c’est un mérite. Vous avez le pire dictateur, quand il préside aux destinées de citoyens qui méritent la démocratie, il est obligé de faire le jeu. Vous avez le meilleur président au monde, quand vous l’envoyez dans un pays prédisposé à la dictature, il fera la dictature. Au Sénégal, c’est vrai que le Conseil constitutionnel s’est rattrapé, mais il n’y avait pas d’autres solutions, pas de plan B possible, sinon Sonko ne serait jamais empêché d’être président. En France, j’ai rencontré un étudiant sénégalais qui était choqué. Il m’a dit qu’il y a plus de 1500 jeunes en prison. Notre régime était plus démocratique que celui de Macky Sall. En Guinée, on a besoin de rendre la justice indépendante mais ce n’est pas suffisant. »

Il est beau d’apprendre d’un ministre d’Alpha Grimpeur l’existence de peuples prédestinés à la démocratie, comme le Sénégal, pendant que d’autres se retrouvent irrémédiablement voués à la dictature. La pauvre Guinée d’Alpha Condé serait de ceux-là. L’imam a dû se tromper de chapelle. Makanéra est connu pour sa pédagogie, mais cette fois-ci, il a raté le coche. Il aurait dû préciser pourquoi «rendre la justice indépendante n’est pas suffisant en Guinée.»

 Macky Sall et Alpha Condé n’ont pas le même âge certes, mais ils appartiennent tous deux au syndicat des chefs d’État ouest-africains sans scrupule, «sans état d’âme,» comme aimait à le répéter l’exilé d’Istanbul. Ils utilisent les mêmes termes pour parler du concept de «rapports de force» que chacun d’eux voit si différemment. Chez Macky Sall, ils ne sauraient être que complexes, parce que  de nature physique, politique, sociale, religieuse, morale, historique et j’en passe. Macky est conscient des garde-fous que lui imposent les valeurs ancestrales, le contrepoids de l’appartenance et de la socialisation, l’histoire politique de son Sénégal natal, ses forces et ses faiblesses, en un mot comme en mille, le surmoi, sans lequel point de Président Macky Sall. Quelque 1500 jeunes au gnouf, le vase déborde. On s’indigne de partout, jusqu’à Paris et Navarre. Et Macky de reculer «faute de plan B.» Les valeurs cardinales de la justice sénégalaise n’ont eu aucun mal à rabattre le caquet à Makanera et à ses rats d’église. Pour cause de  comparaison fallacieuse.

M. Makanéra ne peut, ne doit ignorer que chez son protecteur, les choses sont infiniment plus simples, plus simplistes. Alpha s’est révélé à «ses compatriotes» comme un électron libre, sans surmoi, ni socle, ni piédestal.

Panafricaniste, il est très peu africain. Ses rapports de force s’évaluent en termes de FDS, de balles réelles et autres gaz lacrymogènes. Il ne croit ni à la démocratie ni à la justice. La Cour constitutionnelle, appendice de la Présidence.  Il n’a pas le temps d’emprisonner les jeunes. Il les tue. Le cimetière de Bambéto est là, non?

Par Diallo  Souleymane