Pour justifier la casse d’une partie du marché de Kiroty le 27 décembre dernier, le président de la délégation spéciale de Lambanyi met en avant la « débauche qui avait envahi » la zone. Cette nouvelle sortie de Fafa Mbira Manè irrite les victimes.
Deux semaines après le déguerpissement et la destruction d’une partie du marché de Nongo-Kiroty au nom du démantèlement des zones jugées criminogènes, la polémique ne retombe pas. Les victimes ne digèrent pas que le président de la Délégation spéciale de Lambanyi, Fafa Mbira Manè, continue à remuer le couteau dans leur plaie. Le 10 janvier, le maire et ses conseillers se sont rendus sur le site pour, disent-il, s’assurer de la continuité des opérations. Sauf qu’à la place de la poursuite de la destruction du reste du marché, le premier responsable de la Commune de Lambanyi s’en est pris aux propriétaires des boutiques et magasins. Pour lui, ils faisaient affaires avec des « délinquants », en conflit avec la loi : « Ils ont transformé, sans l’accord de la mairie, 496 boutiques en dortoirs, 97 en chambres de passage, 17 en maquis et 11 autres chambres en temples de consommation de la drogue. » Ce commentaire du maire a provoqué l’ire des victimes. Elles se sont réunies dimanche 12 janvier, pour exprimer leur ras-le-bol. Elles se sont fendues d’une déclaration, pour pointer du doigt les « contrevérités » du maire : « De quelle enquête parle monsieur Manè ? A supposer même que ces 400 filles étaient dans le marché, qui les a alors hébergées ? Qui a transformé les boutiques en chambres de passage ou en dortoirs ? C’est bien l’administrateur du marché. Pourquoi ont-ils alors détruit 80% du marché en ignorant le rapport fourni par la commission des victimes ? » Les victimes accusent la délégation spéciale de protéger l’administrateur du marché et ses proches et l’opérateur économique qui est censé « moderniser » le marché : « Les 20% restants du marché n’ont pas été détruits parce qu’ils appartiennent à la délégation spéciale, au frère de l’administrateur du marché et à l’opérateur économique, El Hadj Sadou Diallo…Ceux qui ont détruit le marché savent-ils que les victimes ont des papiers d’attribution signés par le maire ou les administrateurs du marchés ? »
Pourtant, les commerçants disent avoir adressé un mémorandum aux autorités communales pour solliciter déguerpir des femmes ayant transformé une portion du marché en lieu de prostitution. Sans succès. « Monsieur Manè nous a demandé un rapport sur les activités nocives de ces femmes, nous le lui avons déposé. Nous lui avons demandé de nous aider à les faire quitter. Mais il a rangé le rapport dans les tiroirs et a préféré démolir nos boutiques. Nous estimons qu’il y a des non-dits dans cette affaire », lit-on dans la déclaration.
Actuellement, une partie de la zone déguerpie est totalement dégagée, prête pour la reconstruction ? Les déguerpis sont convaincus que les autorités communales ont profité du mot des autorités judiciaires pour servir leurs intérêts : « La vérité est que c’était une petite partie du marché qui était concernée. Celle qu’occupaient des femmes que nous avons tenté de chasser, mais qui reviennent toujours avec la complicité de l’administrateur du marché et de la mairie…» Au lendemain du déguerpissement, l’administrateur du marché du marché Nongo-Kiroto aurait été arrêté et reste jusqu’à date injoignable. Et le bras de fer continue entre commerçants déguerpis et autorités communales de Lambanyi.
Yacine Diallo