L’édition en ligne du Lynx a publié le 23/3/25 un article de T. Monénembo intitulé « cette vermine d’intelligentsia guinéenne », c’est une agression inqualifiable contre cette couche de la population guinéenne. J’en suis encore à me demander quelle mouche a piqué le frère. Pas plus tard qu’au début de ce mois, un petit groupe de gens qui ont réfléchi sur notre situation collective, a émis l’idée de Conférence Nationale Souveraine qui a été soumise entre autres à Monénembo. Il n’a même pas accusé réception, encore moins donner ses propres idées sur le dossier!

Toutes les couches guinéennes sont également responsables du triste bilan de notre indépendance. Comme a dit l’autre, pour tout ce qui nous est arrivé et continue de nous arriver, on a qu’à s’en prendre à nous-mêmes, nous tous.

De plus, et j’insiste là-dessus, l’intelligentsia n’est pas une vermine, les autres couches non plus, bien sûr. Des idées ont été émises çà et là au fil des décennies, elles permettront de sortir du tunnel un jour. En attendant gardons le calme et le respect! Merci.   Par El Hadj Amasadio Bah.

Tierno Monénembo sourit : «…Je n’ai jamais reçu sa proposition de conférence nationale souveraine.»

Le Lynx a retrouvé le texte d’El Hadj Amasadio Bah sur la proposition de conférence nationale. Mais, il est un peu long :

« A tous les Guinéens/Guinéennes de par le monde. Nous sommes des citoyens guinéens, militants politiques ou associatifs pour certains, non militants pour d’autres, mais tous préoccupés par la situation actuelle socio-politico-économique de notre chère RG. Sur ce thème, nous nous retrouvons depuis quelque temps dans un groupe informel  intitulé « Echanges Citoyens Guinée » (ECG). Cela nous a permis d’identifier quelques-unes des difficultés actuelles de notre pays:

1- dans les statistiques de l’ONU, la RG figure parmi les pays les plus pauvres de la Planète. Cela malgré les grandes potentialités socioéconomiques de son territoire et sa population au moins aussi laborieuse que les autres.

2- près de la moitié de la population est en fuite à l’étranger dans la recherche de meilleures conditions de vie.

3- aucun des décideurs de l’Etat (Président, Parlement, maires, chefs de quartier) n’a été élu par la population

4- les manifestations sur la voie publique ont été interdites pour les contestataires et encouragées pour les laudateurs du CNRD

5- plusieurs médias sont illégalement interdits

6-les kidnappings crapuleux d’activistes se sont multipliés

7- une campagne virulente est menée pour la pérennisation de la mainmise du CNRD sur l’Etat; un projet de nouvelle « ère Lansana Conté » en quelque sorte….

Nous nous sommes interrogés ensuite sur les mesures pacifiques et inclusives envisageables pour que la RG prenne le chemin du mieux-être pour tous dans les meilleurs délais. Nous avons constaté que, dans les années 1990 des pays comme le Bénin et d’autres ont pu résoudre des situations semblables à la nôtre d’aujourd’hui au moyen de Conférences Nationales Souveraines (CNS). La nôtre rassemblerait des représentants de tous les groupes organisés de la population (partis politiques, associations civiles ou professionnelles, organisations religieuses, …) Sa mission consisterait à examiner notre parcours chaotique depuis 1958, identifier les erreurs de gouvernance commises, qui expliquent notre situation déplorable actuelle, en déduire le nouveau mode de gouvernance à mettre en place, organiser les élections (locales, législatives, et présidentielles) propres, pour la fin de la Transition, et installer les nouvelles institutions. Notamment un Gouvernement de Coalition constitué par les trois premiers de l’élection présidentielle, avec 2 dossiers ultra prioritaires:

      a) éradication de l’analphabétisme dans la population en une décennie maximum

      b) industrialisation de la RG: en imposant aux opérateurs miniers d’organiser la transformation préalable sur place de tous les produits avant exportation, cela dans un délai de 5 ou 6 ans, à l’issue duquel la RG n’exportera plus aucun minerai brut.

Si vous partagez cette vision alors nous allons ensemble nous atteler à la mise en place du COMITE NATIONAL PREPARATOIRE de la CNS. Par une campagne intense auprès de tous nos compatriotes en Guinée et dans les colonies guinéennes de l’étranger. En vue de la création de groupes locaux  préparatoires pour la CNS. En ce mois sacré du Ramadan, aidons le bon Dieu à nous aider. Wassalam. »

Surgit Oumane Gawa Diallo pour siffler la faim de la récréation. Décidément…

« On a lu, on a vu, et surtout: on a entendu. Quand un écrivain prend la plume, les mots dépassent souvent la personne. Ils touchent à l’histoire, à la mémoire, à la douleur collective. Ils réveillent, parfois blessent, souvent divisent. Ce n’est pas nouveau: la critique intellectuelle est un pilier de toute société vivante. Elle interroge, elle dérange, et parfois elle simplifie. Mais elle ne dit pas tout.

La Guinée n’est pas un bloc figé dans ses blessures. Elle est aussi faite d’efforts silencieux, de luttes pour l’équilibre, de mémoire qu’on construit au lieu de subir. Ce pays a connu la verticalité du pouvoir, oui. Mais il connaît aussi aujourd’hui les lignes de rupture, de dialogue, de réinvention.

Certains choisissent la radicalité des mots, d’autres prennent le risque de faire, d’agir, de tenir les institutions, malgré les contradictions. La Guinée a besoin des deux à condition que l’exigence ne devienne pas mépris, et que la lucidité n’efface pas le réel. La responsabilité n’est pas seulement dans les livres. Elle est dans les choix quotidiens, dans les voix qu’on écoute aussi, y compris quand elles dérangent.

Alors non, on ne répondra pas à une personne. On répondra à un enjeu plus grand: comment raconter un pays sans trahir sa complexité? Comment faire avancer, sans mépriser ? Comment critiquer sans réduire ? La Guinée vaut plus que des formules. Elle mérite un regard lucide. Et elle continuera, malgré tout, à se raconter elle-même. »