Amadou Damaro Camara n’à une nouvelle fois pas pu arracher une libération à la Cour de répression des infractions économiques et financières. La CRIEF estime que sa détention est encore indispensable à la bonne marche de la procédure.

L’ex-président de l’Assemblée nationale espérait déjà voir le bout du tunnel. Il avait même supplié le Parquet spécial près la CRIEF de ne pas s’opposer à sa demande de mise en liberté conditionnelle. Mais Amadou Damaro Camara va rester en détention. Yagouba Conté, président de la Chambre de jugement, a rejeté ce lundi 22 avril sa demande de mise en liberté conditionnelle. Pour le magistrat, le rapport médical du prévenu versé au dossier de la procédure n’est pas suffisamment motivé. « Son hospitalisation dans un lieu moins stressant que la traumatologie de l’Hôpital de l’amitié Sino-guinéenne n’est pas une nécessité, mais une alternative », argumente-t-il. Le juge estime aussi que le maintien de Damaro en détention est encore indispensable à ce stade. Il suit ainsi les observations du représentant du ministère public. Le substitut du procureur, Hamiata Kaba, s’était opposé à toute libération de l’ancien dignitaire du régime Condé, sous prétexte que ce dernier était déjà sous suivi médical dans une structure sanitaire spécialisée : « Nous tendons vers la fin de la procédure et il est sous traitement.»

La défense accuse le ministère public de mal interpréter le rapport médical, le rôle du médecin s’arrêtant aux recommandations. « Il a clairement dit dans le rapport de mettre notre client dans un lieu moins stressant. Le médecin a fait son travail. C’est à la Cour de se prononcer sur les questions juridiques », rappelle Me Santiba Kouyaté. Son collègue Lanceï Doumbouya de renchérir : « Amadou Damaro Camara a contracté cette maladie en prison. Il se portait bien avant sa détention.»

Michel Kamano toujours à l’étranger

Selon son médecin traitant, l’ancien président de l’Assemblée nationale souffre d’une « neuropathie diabétique » et d’une « symptomatologie » qui nécessitent une évacuation. Mais la CRIEF ne l’entend pas de cette oreille.

Dans cette affaire, Amadou Damaro Camara est accusé, avec l’homme d’affaires chinois Kim, Michel Kamano et Zenab Camara, respectivement, 1er et 2e questeur de la neuvième législature, d’avoir détourné quinze milliards de francs guinéens, représentant la quote-part que la Guinée devait payer pour la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale, à Koloma.

Michel Kamano, malade, a bénéficié d’une autorisation de sortie du territoire pour 30 jours. Voilà que depuis octobre 2023 il n’est pas revenu. Les avocats des autres prévenus demandent au juge de clore les débats, de passer aux plaidoiries et aux réquisitions. « On ne peut pas attendre un prévenu qui ne reviendra pas », nargue Santiba Kouyaté. Le substitut du procureur, Hamiata Kaba, sollicite plus de temps pour le ramener à la barre. Une demande à laquelle la défense et la partie civile se sont opposées. Mais la Cour estime que la comparution de Michel Kamano est nécessaire à la manifestation de la vérité. Elle intime au parquet spécial d’accomplir les diligences nécessaires pour son retour en Guinée. L’affaire est renvoyée au 29 avril prochain pour la suite des débats.

Yacine Diallo