Le procès des présumés ravisseurs d’El Hadj Doura Diallo a repris ce 26 juillet, au tribunal de première instance de Dixinn. Pour l’audience de ce lundi, c’est Thierno Mamoudou Kann, employé d’El Hadj Mamadou Diallo, cerveau présumé du kidnapping, qui a fait sa déposition. Cet enseignant de formation est accusé par le parquet du TPI de Dixinn, d’association de malfaiteurs, d’enlèvement, de séquestration, de complicité, de recel, d’abstention délictueuse, de blanchiment de capitaux. Il a plaidé non coupable, et explique avoir été induit dans cette affaire par son patron, El Hadj Mamadou Diallo.

Tout a commencé pour lui dans la matinée du dimanche 10 décembre 2017. El Hadj Mamadou Diallo débarque chez lui, sans le prévenir, avec une somme de 100 000 dollars américains. El Hadj Mamadou Diallo  voulait confier l’argent à Kann qui se dit être pris de panique : «Je lui ai dit que je ne pouvais pas garder une telle somme. J’avais peur que l’argent soit volé dans mes mains. Il m’a dit qu’Idrissa allait passer le prendre». Idrissa Diallo, un autre petit d’El Hadj Mamadou, passera ce même dimanche chez Thierno Mamoudou Kann et récupéra 50 000 dollars. A partir de là, El Hadj Mamadou n’était plus joignable. Cinq jours plus tard, Kann décide d’amener les 45 000 dollars restants chez Idrissa.

La suite, Thierno Mamoudou Kann sera interpellé par des agents de la gendarmerie de Madina, conduit à la Brigade de Recherche de Kipé. On lui demande des nouvelles d’El Hadj Mamadou et d’Idrissa Diallo. N’étant au courant de rien, il est libéré, mais est à nouveau interpellé en mars 2018 : «Comme je travaillais pour El Hadj Mamadou Diallo, les gendarmes se demandaient si El Hadj n’avait pas ramené cet argent à ma place. Ils m’ont amené à Dixinn et m’ont inculpé d’abstention délictueuse».

«Avait-il prévenu qu’il partait vous confier de l’argent quand il vous a appelé ? », lui questionne le juge? «Non, pas du tout», répond Thierno Mamoudou Kann. «Est-ce que vous connaissiez l’origine de cet argent ?», enchaîne le juge ? L’accusé de répondre : «Je ne connaissais pas l’origine de cet argent. Je ne l’ai su que quand j’ai été arrêté.»

En Hadj Mamadou Diallo a confirmé, de bout en bout, les propos de Thierno Mamoudou Kann. Sauf que cela n’a pas empêché les avocats de la partie civile de mettre en doute certains propos du prévenu. « Au moment où un opérateur économique est enlevé, votre patron vous confie une telle somme. C’est là que nous nous posons des questions sur votre bonne foi… », lance maître Faya Gabriel Kamano. «Je n’ai jamais imaginé que cet argent était illicite», répond le prévenu.

Maitre Mamoudou Sané, avocat de la défense, a demandé une mise en liberté, ne serait-ce que conditionnelle pour son client, Thierno Mamoudou Kann : «Voilà un innocent qui est prison depuis 3 ans. Il doit bénéficier d’une liberté, parce qu’il n’a été cité par personne. » Opposition catégorique du parquet : «Vu la gravité des infractions, il est prématuré de le libérer. »

Une position appuyée par la partie civile. Pourtant, Thierno  Mamoudou Kann avait bénéficié d’un non-lieu partiel en mars 2019.

Le tribunal va se prononcer  sur la demande de sa libération à la fin des débats. Au moment où nous écrivions cette dépêche, l’audience se poursuivait avec l’audition de Thierno Ciré Sow  dit Cams.

Yacine Diallo