Alors que le Prési Alpha Grimpeur pensait avoir réussi à neutraliser toutes les voix discordantes, toutes les forces d’opposition, et qu’il pouvait trôner à vie sur les épaules du populo, il a été renversé, le 5 septembre, par le Groupement des forces spéciales. Cette unité d’élite de l’armée guinée-haine a justifié son coup de force par le tripatouillage constitutionnel de 2020, la corruption endémique, l’instrumentalisation de la justice, excusez du peu ! Le colonel Laye-M’a-dit Doum-bouillant et ses hommes tiennent désormais les rênes du pouvoir et promettent une transition au terme de laquelle le bled retrouvera l’ordre constitutionnel. Il n’est un secret pour personne que cette prise du pouvoir par la force ne passe pas chez les organisations internationales : CEDEAO, Union africaine, notamment. Elles ont condamné le coup de force dès la chute du Grimpeur.

La CEDEAO est allée un peu plus loin en prononçant une panoplie de sanctions contre certains membres de la junte. Elle a aussi exigé la libération sans conditions de l’ancien Président. La visite des Chefs d’Etat du Ghana et de la Côte-d’Ivoire le 17 septembre n’y a rien changé. Le CNRD a non seulement refusé de se soumettre à la volonté de la CEDEAO qui demande une transition de six mois mais aussi a refusé de laisser partir le Grimpeur.

Ce qui ne semble pas rompre le dialogue entre l’organisation ouest-africaine et le CNRD. Une délégation du CNRD s’est rendue à Jubilée (Accra) le 29 septembre, pour rencontrer le Président en exercice de la CEDEAO, Nana Akufo Addo. L’information a été rendue publique ce vendredi 1er octobre  dans un communiqué de la présidence ghanéenne: « La délégation, conduite par le colonel Sadiba Koulibaly, commandant en second du CNRD, était au siège de la Présidence ghanéenne pour informer le Président Akufo-Addo, président de l’autorité de la CEDEAO, de la feuille de route qui a été mise en place pour assurer une transition en douceur et un retour à un régime démocratique et constitutionnel en Guinée ».

Selon le communiqué, le colonel Sadiba Koulibaly était à Accra pour expliquer particulièrement le bienfondé de la mise en place de la Charte nationale de la transition, de la décision de la junte d’interdire aux membres du CNRD, ceux du futur ex-goubernement et du Cn-têtrad, de participer aux futures échéances électorales : « Le colonel Koulibaly a déclaré au Président que dix jours de consultations avec les principales parties prenantes en Guinée avaient conduit à l’élaboration et à l’adoption d’une Charte de transition qui renforce la détermination des dirigeants militaires à ramener le pays au régime civil. Selon lui, la Charte soulignait en particulier que les membres de la transition ne pourront pas se présenter aux élections présidentielles et législatives » qui marqueront la fin de la Transition.

Sur les sanctions infligées par la CEDEAO aux membres de la junte, la délégation du CNRD n’aurait pas rouspété : « Il a noté que le CNRD  comprend et accepte les décisions prises et les sanctions imposées à la Guinée par l’autorité. Il a toutefois appelé la CEDEAO à examiner les circonstances particulières qui ont conduit aux évènements du 5 septembre. Il a également demandé que la CEDEAO reconsidère sa position sur la transition de six mois, parce que la Guinée n’aurait pas les moyens de le faire dans le délai indiqué ». La junte aurait la volonté de procéder à un recensement national, à  une restructuration du Code électoral et à la création d’un nouvel organe électoral.

S’agissant de la durée de la transition à six mois, le Président ghanéen et la CEDEAO n’auraient pas changé d’avis : « Six mois suffisent pour un tel exercice. Nana Akoufo-Addo a assuré aux dirigeants guinéens l’engagement de l’organisation à aider à la refonte du processus électoral, en fournissant un soutien technique à la Guinée ».

Le dirigeant ghanéen aurait également exprimé son inquiétude quant à la détention prolongée de l’ancien Président Alpha Grimpeur. Selon lui, la CEDEAO se préoccuperait de son état physique et son incapacité à exprimer ses droits humains fondamentaux. Sadiba Koulibay a assuré qu’Alpha Grimpeur va bien, qu’il a toujours accès à son médecin personnel. Un poing, c’est doux !

Yacine Diallo